Deux ou trois choses que je sais de la Contre-Révolution

Publié le par Section de Bordeaux & Basse-Guyenne de l'Action française

Voici, au hasard de nos lectures dans la bibliothèque de la section, trois occurrences du terme Contre-Révolution sur lesquelles nous sommes tombés, qui en montrent toute la richesse sémantique et la profondeur.

A.F.-Bordeaux & Basse-Guyenne

La première donne dans l'humour: Catastrophé, le poète Lamartine, dont la politique romantique dix-huit ans plus tard, comme ministre du gouvernement provisoire de la IIème République allait se montrer si utopique, lie à la fin du règne de Charles X, l'ébauche de politique contre-révolutionnaire, dans les strictes limites de la Charte fondant la Monarchie constitutionnelle, du ministre Polignac, un aristo bien-pensant qui tentait de barrer maladroitement le chemin du Pouvoir aux "nationaux" (la Gauche de l'époque):

"Ne t'ai-je pas toujours dit qu'un système de contre-révolution pouvait seul rendre la vie à la révolution? La voilà à nos portes!" (Lamartine, Correspondance,1830, p. 55.)

Hélas, c'était vrai! On ne fait pas la Contre-Révolution à moitié! On la fait sur tous les plans (politique, social, culturel, religieux), ou on ne la fait pas!

La seconde donne la parole à la libérale Germaine Necker, fille du célèbre financier protestant suisse qui causa la chute de Louis XVI après que celui-ci l'eût pris comme ministre, et qui limitait sa politique à se faire de la publicité, au lieu de faire une véritable Contre-Révolution fiscale:

"Quant aux moyens, il me semble impossible qu'en ne négligeant pas tes amis en Suède, en continuant à te bien tirer des affaires du Roi, en l'entretenant toujours dans tes dépêches de l'impossibilité d'une contre-révolution, non en démocrate mais en homme qui juge bien les caractères et les choses, tu ne parviennes à conserver ce qui t'est solennellement promis." (Mme de Staël, Lettres de jeunesse,1790, p. 393.)

Alors que le gouffre s'ouvrait sous les pas de la Nation, seule l'ambition gouvernait ces métèques pressés d'arriver à n'importe quel prix. Bonald, sous la Restauration, devait corriger comme il se devait cette falsificatrice de l'Histoire. Grande leçon pour les nationaux d'aujourd'hui: Il ne faut jamais faire confiance aux charlatans politiques, même habillés à la mode, portant une particule ou un nom composé et "sachant faire leur noeud de cravate" (Maurras)!

Enfin, un extrait ironique du Journal du romancier Julien Green, datant de l'Entre-Deux-Guerres sur l'inconséquence des conservateurs quand ils se mettent à faire de la politique:

"Et, mis en confiance par mon air attentif, il me livre ses rêves : porter un coup au bolchevisme, faire quelque chose pour que s'unissent, en France, toutes les forces contre-révolutionnaires éparses. Déjà des bailleurs de fonds ont été pressentis, et il cite le nom d'un israélite richissime. L'inconvénient est qu'une contre-révolution n'irait pas sans un grand massacre de juifs, et comme les bailleurs de fonds se recrutent généralement parmi les juifs..." (J. Green, Journal, 1931, p. 50.)

Loin des rêveries du XVIIIème siècle, un siècle et demi d'épreuves ont précisé la menace. Le communisme va engloutir la Civilisation et les intellectuels s'inquiètent. De là les projets mirifiques qu'évoque Green. Mais ils négligent les leçons de l'Action française.

"Réunir les nationaux", c'est très bien, mais pour quoi faire? De bonnes élections? Leur résultat sera toujours précaire, à la merci d'autres élections. Un coup d'Etat? Même chose. La seule alternative est d'apprendre à penser clair pour marcher droit et être en mesure, le jour d'une grande crise nationale venu, d'influer de manière décisive, sur l'opinion ballotée en permanence d'un parti à l'autre, sans boussole politique pour naviguer au milieu des idées et des faits, et ainsi de ressaisir le Pouvoir.

C'est ce que la section de Bordeaux & Basse-Guyenne, tout comme les autres sections actives (Toulouse & Haut-Languedoc, Pau & Pyrénées, et Bayonne & pays basque) de la fédération Grand Sud-Ouest de l'Action française, s'efforce inlassablement de faire, à l'image de Pierre Pujo, depuis déjà trois lustres, sous la direction persévérante et perspicace du Délégué régional Gaillère.