Le cas Viansson-Ponté: L'Action Française 2000 à l'encan?

Publié le par Fédération interprovinciale du Grand Sud-Ouest de l'Action française

Il nous revient de plusieurs côtés que s'est tenu récemment une assemblée générale de la société éditrice de L'Action Française 2000, dirigée jusqu'à son décès en 2007 par notre Fondateur Pierre Pujo. Lors de cette séance, entre autres questions techniques, portant notamment sur l'allongement de l'âge-limite des administrateurs, on en a profité pour inclure, dans son organe administratif directeur, une nouvelle tête, pour le moins inattendue, - celle d'un grand patron de Presse, directeur de journaux de province, président du syndicat de la Presse quotidienne régionale, membre du conseil supérieur des messageries, etc etc...

Une première dont on se passerait

C'est la première fois, dans notre longue histoire d’opposition au Régime républicain et démocratique, que nous comptons parmi nos chefs l'un des hommes qui, dominant de père en fils l'opinion publique depuis la fondation de la République, a le plus à perdre au renversement du Régime!

A la grande époque de l'Action française, Maurice Pujo caricaturait sous le nom drôlatique de "baron Pié" ces méprisables grands bourgeois libéraux qui prétendaient, en adoptant la ligne de la moindre résistance à l'Anti-France, amadouer les républicains farouchement révolutionnaires et anticléricaux. Qu'est-ce qui a changé depuis? Eux, ou nous?

Pas de bras, pas de chocolat?

On connait la facilité avec laquelle, dans l'industrie, on change la recette du chocolat, tout en gardant le même emballage et en dupant le consommateur. Mais L'Action Française 2000, - dont notre Délégué régional Vincent Gaillère a eu l'honneur d'être l'un des administrateurs à une période critique où ils ne se bousculaient pas au portillon (n'est-ce pas, Bernard Bonnaves?), - n'est pas un simple journal d'information, c'est avant tout un journal d'opinion, l'organe, non d'un mouvement réduit à sa plus déformante expression Auteuil-Neuilly-Passy/LMPT, mais d'une école de pensée qui nous survivra et triomphera quelque beau jour. On n'y touche pas impunément, elle a des gardiens vigilants au nombre desquels se placent au premier rang la fédération Grand Sud-Ouest et ses sections locales (Bordeaux & Basse-Guyenne, Toulouse & Haut-Languedoc, Pau & Pyrénées, Bayonne & pays basque). Que, depuis 2007, la valeur politique de sa rédaction, sous des plumes étrangères à l'A.F., se soit diminuée jusqu'à zéro (0), n'autorise pas que ce titre historique, que Pierre Pujo a ressuscité, soit mis à l'encan!

Les actionnaires, et même les simples lecteurs et sympathisants de notre école de pensée, ont le droit absolu de savoir ce que signifie et ce que pèse (pèze) ce changement à la tête pour l'avenir de la ligne du nationalisme intégral et, le cas échéant, de prendre en toute connaissance de cause la décision de s'abonner ou de se réabonner! Ils avertissent fermement ceux qui seraient tentés par cette frauduleuse opération intellectuelle de double substitution (d'un nouveau contenu "Droite dure" pour obtenir un nouveau lectorat "grand public") que ce genre d'alchimie électoraliste opportuniste est voué à l'échec: le créneau est déjà pris (voir Valeurs Actuelles).

Le cas Viansson-Ponté

Mais revenons à l'occasion de cet article: M. Jean Viansson-Ponté a donc été élu au saint des saints du Journal: le conseil d'administration.

Or, pour être élu administrateur, il faut déjà être actionnaire.

Donc, M. Viansson-Ponté est actionnaire.

Deux questions se posent dès lors: pourquoi l'est-il, et pour combien?

A la première, étant donné qu'il n'a jamais été question, de mémoire de cadre, - et les cadres, spécialement de province, ont la mémoire longue, - des sympathies avouées pour le nationalisme intégral de ce grand bourgeois libéral, il semble qu'il faille exclure un engouement subit, à plus de soixante ans, pour une Cause qui postule à terme la déchéance de l'influence sur la Société de son milieu exclusif! Se pourrait-il que ce soit par pure charité désintéressée, pour sauver un titre de Presse dont la voix délicate manquerait au concert harmonieusement politiquement-correct des Presses nationale et quotidienne régionale (dont M. Viansson-Ponté souhaite d'ailleurs la fusion des syndicats)?...

On ne sache pas de toute façon que cette famille, dont l'un des membres, Pierre, journaliste au Monde, était opposant, au nom du libéralisme, à De Gaulle, ait jamais été royaliste ou nationaliste; il est douteux qu'aucun de ses membres ait jamais été défenseur de l'Algérie française ou ait soutenu l'O.A.S. ; et comme dans ces familles, les traditions politiques Juste-milieu ne se changent pas, pas plus que le sens avisé de leur intérêt matériel, - le plus important à leurs yeux de possédants, - le lecteur concluera de quelle nature est la météorite qui nous apporte ce nouvel ami! Comme aurait pu dire Maurras: "timeo Danaos et dona ferentes" (ce qu'on peut traduire à peu près par: "Je crains les dissidents, les bourges, les flics et leurs cadeaux empoisonnés!")

Comment penser qu'un Viansson-Ponté s'égare à notre Action française, qui, hostile à la "fortune anonyme et vagabonde", a toujours été anticapitaliste-nationale? Il y a là un mystère que, seuls, les maîtres actuels du groupuscule, si fidèles à l'esprit "Révolution nationale" de notre maison (cela est de l'ironie), les sidis Blanchonnet, Dejouy, Bel-Ker, Hatem, pourraient nous interpréter... à défaut de nous convaincre!

A la deuxième question, décisive en l'état de nos finances, toujours fragiles, il faut se demander si conférer des responsabilités d'importance à un actionnaire de la veille est bien sage... Le montant de son apport le justifie-t-il? Si oui, ce montant n'est-il pas trop disproportionné pour être dénué d'arrière-pensées? Le P.D.G. du Journal, Mlle Pujo, aurait-t-elle, par hasard, cédé ses parts majoritaires à ce chevalier de la Légion d'honneur (nommé par Hollande) et de l'ordre du Mérite (nommé par Sarközy) si bien en cour avec les puissants du Régime, qu'il accueille généreusement dans les banquets corporatifs, propulsant ainsi ce prestigieux patron de Presse en position de lui succéder, le moment venu? Cela serait, pour le moins, hasardeux, - un peu comme jouer le futur et l'indépendance de notre école sur un coup de dés pipés!

Pour qui sonne le glas?

Il faut bien s'interroger: Venu de l'extérieur de notre école de pensée à l'approche des élections, se pourrait-il que M. Viansson-Ponté soit un homme de paille? Il faut reconnaître que, dans ce cas de figure, ce serait un bien mauvais investissement en terme de voix ramenées au bercail; mais, pour un candidat de Centre-Gauche bien doté comme Juppé, par exemple, qui a un besoin impérieux des voix de la Droite conservatrice, ce ne serait pas forcément un mauvais calcul. On ne laisse rien au hasard quand on se croit un destin national!

Quelles sont les intentions de M. Viansson-Ponté quant au gouvernement du Journal auquel il participe désormais? On sait que sa marotte en matière de management est le regroupement en trusts d'entreprises de Presse autrefois indépendantes. Rien de bien original, apparemment, ce patron classique colle parfaitement à la doxa ultralibérale thatchérienne; il commence même à dater un peu!

Concrètement, qu'est-ce que cela signifierait pour L'A.F. 2000? Ne s'agirait-il pas de la faire entrer, sous prétexte de "rationalisation économique", de "mutualisation logistique", bien entendu, dans un trust englobant la Presse de Droite dure, c'est-à-dire sympathisante de l'U.M.P. et compatible avec le F.N. new look? Et pour qui roulera ce trust aux élections présidentielles de l'an prochain? Les éditoriaux du boutangiste Axel Tisserand, fonctionnaire à l'Assemblée nationale, nous le diront, certes, mais trop tard, car c'est maintenant que nos amis doivent savoir la vérité! Il va sans dire qu'en l'espèce, outre la perte de notre autonomie de gestion, ce serait la fin de notre indépendance politique et de notre liberté de jugement, c'est-à-dire, ni plus ni moins, la fin du Journal de l'Action française. L'école, d'aphone, se trouverait muette.

On voit que, derrière le cas particulier Viansson-Ponté, et à travers lui, il y a là une énigme passablement embrumée, mais centrale, dont nous comptons bien avoir la solution un prochain jour, et nous l'aurons, que nos fidèles lecteurs nous fassent confiance!

A.F.-Grand Sud-Ouest