Mémoire de Nicolas Kayanakis

Publié le par Fédération Aquitaine-Grand Sud-Ouest

Nicolas Kayanakis, « l’officier le plus diplômé de l’Armée française » (Paris-Presse dixit), est né en 1931, à Tunis, d’une famille grecque, implantée en Tunisie avant l’intervention française. Pendant ses études à Paris (Sciences po' et Sorbonne-Lettres), il dirige les étudiants d’Action française qui, de 1951 à 1954, enlèvent au parti communiste la maîtrise du Quartier latin et participent à la reconquête de l’U.N.E.F., alors syndicat étudiants unitaire. Mais en 1954, après Diên Biên Phu, Mendès abandonne l’Indochine à Genève. L’action politique lui apparait bien vaine. L’A.F.N. s’embrase. Il rejoint l’Armée d’Afrique, d’abord comme officier de réserve de l’armée de l’air, puis est intégré sur titres, en 1958, dans l’armée active.


Officier de sécurité aérienne à l’école de chasse de Meknès, il demande l’Algérie et rejoint au printemps 1956 la base opérationnelle de Telergma, dans le Constantinois. Détaché pour l’opération de Suez à la 3e escadre de chasse de Reims, il est envoyé en mission à Brindisi (Italie), en civil, et sous l’apparence d’un officier italien du 2e Bureau, il assure le passage vers Chypre des troupes métropolitaines et surtout des escadres françaises de chasse et de reconnaissance, - ainsi que les vols clandestins des avions et des pilotes français prêtés à Israël. Muté sur sa demande dans l’infanterie, il rejoint, en 1959, le 14e R.C.P. pour y commander en second la compagnie portée.


Dès 1959, il participe à la création des réseaux Armée-Nation. En 1960, en stage d’observateur-pilote à Dax il prend part aux préliminaires du putsch d’avril (il en fera le récit dans Derniers Châteaux en Espagne, à la Table Ronde), puis à l’action de l’O.A.S. dans le Sud-Ouest (sous le pseudo de Kakos). Arrêté en 1961, il s’évade trois mois après de Mont-de-Marsan. En cavale à Paris, il lance et commande l’O.A.S.-Métro jeunes (O.M.J.), dont les réseaux survivront des années à sa seconde arrestation en mai 1962.


Condamné à dix ans de rétention criminelle, perdant donc ses galons, il se voit alors assimilé à la promotion de Saint-Cyr Laperrine par ses camarades de cette promotion avec lesquels il avait fait son école d’infanterie. Nommé délégué des prisons par le C.N.R.-O.A.S., son action pour la fidélité au combat mené le fera muter de prison en prison dont il fera un tour de France : Fresnes et la Santé, Toul, Les Baumettes, Ré.


Libéré en 1966, il demeurera, auprès de Pierre Sergent (dit "Philippe"), membre du directoire du C.N.R.-O.A.S., chargé du bureau politique sous le couvert d’une agence de presse : Méditerranée Nord-Sud, fonctions exercées jusqu’à l’autodissolution du directoire en 1968.


Après sa libération, il est ingénieur en chef à la S.E.M.A. au département « direction intermédiaire », puis dirigeant libre d’entreprises généralement en difficultés. Successivement et parfois simultanément président, directeur général ou gérant de plusieurs sociétés industrielles, dans des activités aussi diverses que l’électronique, la mécanique, l’orfèvrerie, les matériaux de construction ou la verrerie (il sera ainsi administrateur de Daum), déployant en parallèle une activité de consultant ou d’ingénierie, il sera amené à implanter en Arménie soviétique une ligne industrielle mettant en œuvre une méthode innovante de fabrication du verre en première mondiale, marché « soufflé » aux spécialistes de Bohême.


(Notice biographique établie d'après celle parue sur le blogue
http://kayanakis.blogspot.com/.)



Nicolas Kayanakis (1931-2008). (Photo D.R.)