Qu'est-ce que la Contre-Révolution?

Publié le par Fédération interprovinciale du Grand Sud-Ouest de l'A.F.

Nous donnons ci-dessous une définition qui, moins connue que celle de Joseph de Maistre, mais plus récente (elle date des années 1950), vaut d'être méditée par nos amis, nous en soulignons plus bas tout l'intérêt:

"La contre-révolution n’est pas une lamentation ; elle ne consiste pas à vitupérer l’esprit moderne et à s’insurger contre les faits. Il faut même admettre qu’elle contient la seule explication des faits modernes et révolutionnaires, qu’elle en contient la raison. S’il est un postulat de la contre-révolution, postulat pour la volonté et l’espérance, indépendant de sa vérité comme méthode et corps de doctrine, il tient en ceci : le mouvement révolutionnaire et libéral (dit moderne) n’est pas un mouvement continu, ni en voie de prolongement ; dans le développement même de la "civilisation" qu’il développe se trouvent donnés les conditions de la contre-révolution."

 Les camelots du Roi "à M. Maurice Pujo". (Photo D.R.)

(Pierre BOUTANG, in Les Abeilles de Delphes, éditions des Syrtes, 1999, p. 433. Disponible à nos locaux.)

Commentaire: Pierre Boutang a raison de fustiger une tendance, trop répandue à droite, à se croire impuissant face au flot révolutionnaire. Avec une doctrine vraie, on est prêt à tout, on peut saisir toutes les opportunités politiques que la Révolution, dans sa marche antinaturelle, ne manque pas de donner à un peuple aussi intelligent que le nôtre. Sans doctrine, on court aux pires aventures, on s'expose aux pires déconvenues.

Que la Société moderne soit, à bien des égards, une dissociété, une contre-culture, une "culture de mort", issues de Mai-68, personne ne saurait songer à le contester sérieusement. Cependant, en dépit des assauts de l'esprit subversif, le pays réel, "qui travaille et ne politique pas", demeure; l'histoire contemporaine de la France est celle de sa résistance continuelle aux puissances de mort que la démocratie démultiplie.

C'est donc d'abord à cette dernière, pas seulement à ses conséquences les plus visibles, qu'il faut s'attaquer; la leçon d'espérance que Boutang nous enseigne, c'est que c'est dans les ressources inépuisables du pays réel que nous devons puiser les forces humaines et les instruments de la Victoire. Dans cette démarche empirique, il n'y a là pas de paradoxe, mais un profond réalisme.