Comprendre avec l'Action française la situation en Irak: Où l'on regrette Saddam Hussein

Publié le par Fédération interprovinciale du Grand Sud-Ouest de l'A.F.

Nous publions ci-après un récent article d'un penseur irakien, qui évalue, dix ans après la pseudo-libération de son pays par les Yankees, sa situation politique désastreuse et la dictature occidentaliste du premier ministre Nouri Al-Mâlikî. L'hommage honnête rendu, au passage, à l'oeuvre unificatrice de la monarchie hachémite jusqu'en 1958 est à remarquer. On peut différer, ici ou là, sur certaines appréciations hâtives sur la Syrie, le Liban et l'Iran: la fédération Grand Sud-Ouest de l'Action française contribuera, pour sa part, à les rectifier, lors des importantes conférences du journalistes spécialiste de géopolitique Jean-Michel Vernochet sur "Iran destruction programmée?", qu'elle organise à Bordeaux le 25 janvier, à Toulouse et à Pau le 26, et à Bayonne le 27. Il n'en demeure pas moins que le regret d'un Pouvoir juste et fort de Saddam Hussein est partagé par la plupart des Irakiens et par leurs amis dans le monde...

 

A.F.-Grand Sud-Ouest  

 

 

 

S.E. Saddam Hussein

 

 

 

Saddam Hussein: un chef regretté par son peuple,

une figure de légende du monde arabe 

 (Photo D.R.)

 

 

 

"L’Irak a plus besoin d’un pouvoir que d’un dirigeant. Il a besoin d’un arbitre qui soit capable de calmer les ambitions de ses hommes politiques et d’apaiser communautés et ethnies, comme avait su le faire en 1921 feu le roi Fayçal Ier, le fondateur de l’Irak contemporain. Al-Mâlikî n’a pas été capable de jouer ce même rôle en raison de son animosité patente (même s’il s’efforce vainement de la dissimuler) à l’encontre des sunnites, qui ont fondé, cela dès la conquête musulmane, l’Irak historique, cet Irak arabe qui a constitué de tout temps la muraille orientale protégeant la Nation arabe.

 

"Al-Mâlikî a refusé d’intégrer les forces du « Renouveau » sunnite tant dans l’armée que dans la police irakiennes, alors même que celles-ci ont joué un rôle essentiel dans la neutralisation de l’Islam jihâdiste (à savoir Al-Qâ‘ida). De même, il a refusé d’intégrer la couche des technocrates et des bureaucrates sunnites dans l’administration de l’Etat après que le parti d’Al-Da‘wah eut apporté la démonstration de son incapacité à gérer celle-ci d’une manière honnête et transparente.
 
"La domination d’Al-Mâlikî sur les services de sécurité et sur l’armée n’ont apporté à son régime ni la paix ni la stabilité. Les attentats ont opéré leur retour, terrorisant les villes irakiennes du Nord au Sud du pays, et cela montre que ces appareils dit « de sécurité » sont vérolés. Cela l’a contraint – comme l’on dit – à refaire appel à l’aide d’officiers retraités de l’armée irakienne, cette armée qu’une décision américaine catastrophique a dissoute.
 
"L’échec d’Al-Mâlikî à gouverner un Irak sûr et politiquement stable n’a d’égal que son échec à jouer un rôle régional influent, un rôle auquel pourtant il aspirait personnellement. Cet échec est dû au fait qu’il a mis les sunnites irakiens à l’écart du pouvoir et de la prise de décision politique. Les pays arabes ont fermé les yeux sur cette prise de position négative d’Al-Mâlikî : ils lui ont donné moult occasions politiques de jouer un rôle arabe équilibrant dans la région. Ainsi, un sommet arabe a été tenu à Bagdad et certains ambassadeurs arabes sont revenus dans la capitale irakienne. Mais Al-Mâlikî n’a pas su tirer profit de ces opportunités.
 
"Etant donné que le régime Mâlikî accumule tous ces échecs tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Irak, comment a-t-il pu diriger ce pays depuis 2006 ? La réponse à cette question réside dans le fait qu’il a établi une relation privilégiée avec l’Iran sans en perdre pour autant – chose ô combien étrange et surprenante – sa relation étroite avec, successivement, l’administration de George Bush et l’administration de Barak Obama !
 
"Il est de fait que les dirigeants shiites qui ont réussi à impliquer l’administration Bush dans l’invasion de leur pays grâce aux relations qu’ils avaient établies avec une petite bande d’hommes politiques juifs américains fidèles à la droite israélienne qui entourait Donald Rumsfeld, le ministre américain de la Défense, à l’époque, ces dirigeants shiites, donc, sont toujours capables, en permanence, de convaincre l’administration Obama du fait que la relation étroite qui lie l’Irak à l’Iran ne représenterait aucun danger pour le prestige et pour l’influence des Etats-Unis dans la région arabe !
 
"Il est étrange de constater que Joseph Biden, l’adjoint d’Obama chargé du dossier irakien, mise encore sur Al-Mâlikî, qui joue à l’occasion le rôle de porte-parole de l’Iran. Les documents « Wikileaks » ont dénoncé ce rôle. Christopher Hail, un ancien ambassadeur américain en Irak, indique ainsi dans l’un de ses télégrammes envoyés à Washington : « Al-Mâlikî m’a fait savoir que l’Iran use de son influence et de son argent pour contrôler le parlement irakien : ce pays est prêt à fournir des armes aux milices shiites (irakiennes) ». Dans un autre message, cet ambassadeur indique que l’Iran consacre annuellement de cent millions à deux-cents millions de dollars à l’achat de l’allégeance des courants shiites qui s’entr’égorgent en Irak.
 
"Grâce à cette imbécillité américaine, l’Iran a réussi à contrôler l’Irak et à priver Al-Mâlikî de tout rôle arabe et régional susceptible de lui faire concurrence. Le scandale du pont aérien et terrestre iranien servant à fournir quotidiennement au régime syrien à travers l’Irak d’Al-Mâlikî plusieurs tonnes d’armes, de munitions et d’hommes, montre que l’Irak est désormais enrôlé dans le nébuleux « front de la résistance et du refus » mis sur pied par l’Iran pour enrôler l’ensemble de l’Orient arabe au service des ses objectifs propres.
 
"L’Iran a profité de la vague de violences qui s’est déchaînée dans le monde musulman en protestation contre un film américain obscène et hostile à l’Islam pour surfer sur cette vague et couvrir l’éclat de la révolte contre le régime de son homme de paille damascène Bashâr (al-’Assad). Après quoi, il a extrait le mollah Hasan [Nasrallah, ndt] du Hezbollah de sa tanière pour que celui-ci puisse nous déclarer que le film antimusulman est « plus important que la révolution syrienne », tandis que ‘Adnân Mançûr, le soi-disant « ministre des Affaires étrangères » du Hezb au sein du gouvernement (libanais) de Najîb Mîqâtî exigeait du conseil présidé par Nabîl al-Arabî (de la Ligue arabe) qu’il se réunisse dans l’urgence afin d’apporter son appui aux protestations populaires dirigées contre l’administration Obama.
 
"Malheureusement pour Nûrî al-Mâlikî, le « front du refus » auquel il s’est joint a d’ores et déjà commencé à connaître de graves revers : une révolte généralisée contre Assad, l’allié de l’Iran, qui a perdu toute légitimité et toute capacité à se maintenir au pouvoir, ainsi que le départ du Hamâs de ce prétendu front.
 
"Mardi de la semaine passée, j’ai évoqué la faute commise par le Président égyptien, le shaykh Muhammad Mursî, lorsque celui-ci a invité l’Iran à participer à la prise de décision arabe et ce, y compris en ce qui concerne le cœur-même des causes relatives à la sécurité nationale arabe au motif d’une tentative de trouver une solution en Syrie. Il avait été décidé de tenir à New York, en marge de l’assemblée générale de l’Onu, une réunion du groupe de contact quadripartite (qui réunit l’Egypte, l’Arabie saoudite, l’Iran et la Turquie). Mais cette réunion ne s’est pas réellement tenue. L’Arabie saoudite était absente, Erdoğan n’est pas venu. Seul y a assisté Mahmud Ahmadî Nejâd, de passage à New York, si bien que Mursî a été dans l’obligation d’annuler cette réunion et qu’il n’a fixé aucun rendez-vous pour une réunion future, appelant par ailleurs plusieurs pays arabes à constituer une force arabe chargée d’intervenir en Syrie.
 
"Le rejet par les pays arabes de cette invitation lancée à l’Iran (par Muhammad Mursî) de participer à la prise de décision arabe a été unanime."