Muray, triomphalisme et "nouvelle évangélisation"
Ci-dessous, un court texte percutant (et injuste), mais pas mal vu, dans lequel l'essayiste Philippe Muray, pourfendeur de l'homo festivus sous toutes ses formes, met en évidence le caractère factice de certains aspects de masse de la "nouvelle évangélisation" et la mentalité "triomphaliste" de la jeunesse catholique.
A.F.-Bordeaux & Basse-Guyenne
«[…] On n’a pas eu tellement tort, l’été dernier, lors des Journées Mondiales de la Jeunesse, de parler de Catho Pride. Si l’Eglise et son histoire ont vraiment disparu, c’est peut-être durant cet épisode d’apparente euphorie. Tout cela s’est dissout dans la fierté d’être catholique, dans un contentement de soi unanime et carnavalesque, d’où le concret humain (le désaccord avec le monde-donnée) s’était déjà retiré sans doute depuis longtemps. La messe s’est engloutie dans la kermesse ; et l’ancien catholicisme, comme tous les autres cultes, dans cette mystique des temps nouveaux qu’il faut désormais appeler panfestivisme. L’apparition de cette religion nouvelle se fait bien entendu aux dépens de toutes les autres, dont elle conserve d’ailleurs certains traits, tout en les privant de leur valeur essentielle (conflictuelle). A l’occasion de ces JMJ, l’Eglise n’a pas davantage renoué avec les masses qu’elle ne fait l’apprentissage des médias quand l’épiscopat décide de discuter d’internet avec l’académicien séraphique Michel Serres, dispensateur suprême de la cyber-pommade des temps multimédias. Dans l’un et l’autre cas, cette espèce d’aggiornamento n’est que l’acte d’allégeance d’une institution deux fois millénaire au nouveau maître hyperfestif. […]»
Source: Après l'Histoire, 2000.