Autour de la Grèce, réflexions d'Action française sur les problèmes économiques
Le référendum grec sur le diktat posé par la Troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Union européenne) au gouvernement hellénique légitime est un événement capital de ce début du XXIème siècle. La volonté de mettre à genoux le noble peuple grec devant le Veau d'or capitaliste ne fait aucun doute. Il pose notamment le problème du respect par les institutions européistes et plus largement par le capitalisme international de la souveraineté des nations.
Entre les objectifs des uns (les profits) et ceux des autres (le Bien public), on commence à comprendre qu'il y a incompatibilité radicale. Autant un capitalisme national subordonné par la Puissance publique au service du Progrès est envisageable, autant la "fortune anonyme et vagabonde", irresponsable et destructrice, naguère dénoncée par Duc d’Orléans (Philippe VIII), ne doit pas avoir de place dans une vieille Nation!
En souhaitant que le peuple grec choisisse courageusement la voie de la pauvreté dans indépendance et l'honneur, qui est préférable à la servitude dans l'opulence, l'Action française-Bordeaux livre à ses fidèles lecteurs, de plus en plus nombreux, les quelques articles qui suivent, qui permettent de se faire une idée globale de la situation, et d'en tirer des leçons utiles pour notre Pays.
A.F.-Bordeaux & Basse-Guyenne
Tout d'abord, les tenants et les aboutissants du référendum lui-même:
On lira ci-dessous, une excellente recension de la courte durée des unions monétaires, quand elles sont basées, comme c'est le cas pour l'euro, sur une idéologie:
"L'économiste danois Jens Nordvig a ainsi répertorié qu'entre 1918 et 2012 quelque 67 unions monétaires ont volé en éclat. Toutes les tentatives d'États indépendants de constituer une monnaie commune unique ont fini par échouer. On ne connaît pas de contre-exemple."
Ça fait du bien de le lire dans Le Figaro! Il aurait pu l'écrire il y a vingt ans!
Pour lecteurs avertis et eurosceptiques, l'intéressant et décapant avis (en anglais) du prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz:
"Why are European Union leaders resisting the referendum and refusing even to extend by a few days the June 30 deadline for Greece’s next payment to the IMF? Isn’t Europe all about democracy?
"In January, Greece’s citizens voted for a government committed to ending austerity. If the government were simply fulfilling its campaign promises, it would already have rejected the proposal. But it wanted to give Greeks a chance to weigh in on this issue, so critical for their country’s future wellbeing.
"That concern for popular legitimacy is incompatible with the politics of the eurozone, which was never a very democratic project. Most of its members’ governments did not seek their people’s approval to turn over their monetary sovereignty to the ECB. When Sweden’s did, Swedes said no. They understood that unemployment would rise if the country’s monetary policy were set by a central bank that focused single-mindedly on inflation (and also that there would be insufficient attention to financial stability). The economy would suffer, because the economic model underlying the eurozone was predicated on power relationships that disadvantaged workers.
"And, sure enough, what we are seeing now, 16 years after the eurozone institutionalised those relationships, is the antithesis of democracy: many European leaders want to see the end of prime minister Alexis Tsipras’ leftist government. After all, it is extremely inconvenient to have in Greece a government that is so opposed to the types of policies that have done so much to increase inequality in so many advanced countries, and that is so committed to curbing the unbridled power of wealth. They seem to believe that they can eventually bring down the Greek government by bullying it into accepting an agreement that contravenes its mandate.
"It is hard to advise Greeks how to vote on 5 July. Neither alternative – approval or rejection of the troika’s terms – will be easy, and both carry huge risks. A yes vote would mean depression almost without end. Perhaps a depleted country – one that has sold off all of its assets, and whose bright young people have emigrated – might finally get debt forgiveness; perhaps, having shrivelled into a middle-income economy, Greece might finally be able to get assistance from the World Bank. All of this might happen in the next decade, or perhaps in the decade after that.
"By contrast, a no vote would at least open the possibility that Greece, with its strong democratic tradition, might grasp its destiny in its own hands. Greeks might gain the opportunity to shape a future that, though perhaps not as prosperous as the past, is far more hopeful than the unconscionable torture of the present.
"I know how I would vote."
On se remet aussi à découvrir qu'un Etat, n'étant pas un particulier, peut se permettre, par le miracle du "politique d'abord" de "faire défaut", c'est-à-dire faillite:
Enfin, des réflexions sur quelques problèmes techniques posés par le défaut éventuel de la Grèce:
Conclusion: L'économie est encore une politique, l'avenir est aux nations, politique d'abord!
P.S. L'économiste eurosceptique Jacques Sapir voit dans la victoire du Non grec, franche et massive, la revanche du 29-Mai 2005 en France et dénonce l'action subversive de la banque centrale européenne; elle ouvre la voie de la liberté et de la souveraineté aux autres nations européennes:
Sapir, toujours, sur les suites politiques de l'affaire grecque:
Et aussi, un bilan de l'influence de l'Allemagne sur l'euro:
...et sur la France, par J. Stiglitz:
Enfin, les dessous du "plan B" grec, par l'ex-ministre des Finances Varoufakis:
...un plan-"mur de Berlin financier" jugé viable par un économiste:
Et une erreur à éviter: l'Internationale des souverainismes, même sous la forme d'une "alliance des fronts de libération nationale": Autant l'idée d'un tel front, le seul qui vaille en ce moment, est concevable à l'échelon national et serait à la fois utile pour le Pays français et conforme à notre tradition d'Action française de compromis nationaliste en temps de crise grave, autant une telle "alliance" au plan européen tournerait vite à une Union européenne-bis; merci bien!
Autre fausse bonne idée de Varoufakis: Rétablir la Démocratie en Europe, mais ne la confond-il pas avec l'indépendance nationale?
En réalité, la vraie question est celle du rapport entre dette publique et souveraineté nationale: