Les deux Islam et la France, une réalité?
Nous livrons ci-dessous à nos fidèles lecteurs trois analyses intéressantes à divers titres qui permettent de prendre avec du recul une vision exacte des évènements de Paris du mois dernier. Toutes trois font, en creux, le procès d'un Régime incapable d'assimiler, à l'intérieur, ses immigrés et, à l'extérieur, de conduire une politique servant les véritables intérêts de la France et fidèle à son histoire. Ne serait-il pas temps d'en établir un autre dont la philosophie ne sape ni les légitimes croyances (ou incroyances) de tous les Français, ni leur droit à vivre en paix? Cela suppose une légitimité que la République ne possède plus depuis belle lurette. Au lecteur de juger et d'agir.
Diagnostics pessimistes
La première analyse est celle d'un philosophe tunisien imprégné d'humanisme laïc et d'une sagesse toute orientale. Il dresse un bilan très noir, mais juste dans l'ensemble de l'intégration illusoire par la République de l'Islam à notre système jacobin de mise en tutelle des cultes, ce qui pose la question de la pérennité de ce Régime et finalement de la nocivité des Lumières elles-mêmes. L'échec de l'intégration mène à l'intégrisme. La politique extérieure de Gribouille que la Démocratie a fait au Proche-Orient et au Maghreb n'a évidemment pas aidé à résoudre l'équation. Au contraire, une Monarchie nationale aurait l'indépendance et l'assurance nécessaires pour protéger équitablement (et non administrer égalitairement) les diverses familles spirituelles de la France (Barrès), qui, chacune à sa mesure, peuvent contribuer à la paix civile, notre plus grand bien, au réveil des âmes endormies par les sirènes de la société de consommation et à la restauration de la grandeur de notre Pays.
Ceux de nos lecteurs qui connaitraient l'anglais liront avec profit plus bas une deuxième analyse, parue sur un site néo-conservateur américain, par un professeur d'université, qui met en relief la différence dans la pratique de l'Islam entre celle des générations précédentes, plus modérée, et celle, radicale, des certains jeunes musulmans français, ainsi que les raisons sociales, technologiques et de politique étrangère de cette mutation.
La conclusion peut paraître exagérément pessimiste (une nouvelle guerre de Cent Ans!), le rapprochement avec le Hamas, phénomène spécifiquement palestinien, hors de propos, il n'en demeure pas moins que la "radicalisation" n'est que le fait d'une infime minorité des musulmans désavouée, non seulement par leurs aînés, mais aussi en masse par leurs coreligionnaires. N'en déplaise aux politiciens professionnels du racisme de tous bords, l'Action française estime qu'il n'y a donc rien là qui puisse remettre en cause la politique souhaitable d'assimilation des populations d'origine étrangère et de confessions non-chrétiennes à la Nation pluricontinentale, pluriraciale, pluriculturelle et pluriconfessionnelle qu'est et que demeure la France éternelle. Comme le disait sagement l'autre jour le patriarche latin de Jérusalem: "Nous sommes aujourd'hui ce que nous sommes maintenant, - et non pas ce que nous étions il y a mille ans! Ce serait échapper aux difficultés d'aujourd'hui et se cacher dans le passé!"
La leçon politique des évènements de janvier 2015
La Démocratie prétend régenter toutes les religions en les faisant passer sous les fourches caudines de sa laïcité agressive. Si le Catholicisme et sa hiérarchie s'en accommodent servilement, cette conception est dépassée avec l'Islam. Les politiciens républicains ne savent que répondre de manière disproportionnée à ce défi, par la répression aveugle. Si l'on veut résoudre pacifiquement la question posée par l'Islam à notre dissociété sécularisée qui bannit de la sphère publique la foi et sa profession publique, pas besoin de domestiquer les cultes, ni de criminaliser leur expression, ni de favoriser une religion d'Etat toute théorique ("Je suis Charlie"!), laïciste, païenne ou chrétienne, il suffit du principe de transcendance et de continuité à travers les siècles qu'incarne théoriquement le Prince, Roi sacré et protecteur respectueux des consciences. La nécessité de la royauté de l'Intelligence politique française ne s'en ressent que davantage.
Dans la crise actuelle, tous les ingrédients d'une Contre-Révolution sont ainsi présents: désintérêt général pour le Régime et sa politique politicienne, besoin d'appartenance largement ressenti, solidarité populaire contre l'égoïsme des élites, regain de foi dans une partie de la population, faible adhésion aux mythes démocratiques de l'Urne et de l'Egalité. Seul manque en définitive l'instrument politique, le "parti des Politiques" que l'Action française a su constituer dans l'affaire Dreyfus. Malheureusement, - pour diverses raisons qui tiennent principalement à ce que la "mystique d'Action française" de Maurras, Bainville, Daudet et Pierre Pujo, parfaitement rationnelle, a dégénéré en une "politique d'Action française", vulgaire arrivisme "femmelin" courant après un plat de lentilles avariées (la "force" numérique et électorale prétendue - et passagère - des racisto-identitaires et du F.N.), - elle n'est plus en mesure de le faire aujourd'hui au plan national, et pour longtemps. On peut le regretter, c'est ainsi, et d'ailleurs, Maurras l'avait prévu après-Guerre. Pour sauver la France, devant la démission des élites et des intellectuels, on ne peut plus donc que compter sur le Peuple et son bon sens. Ce n'est pas absolument rien.
Ce dont témoignent surtout les récents attentats, ce n'est pas de la "nocivité" de l'Islam, c'est que ce n'est pas avec de l'anticléricalisme, de l'irréligion, de l'anarchisme, du libéralisme économique et sociétal et de l'antimilitarisme, tous ces visages de l'hypocrisie démocratique et bourgeoise, que l'on unit une Nation, c'est avec un même amour de la Patrie, une même volonté de la servir et des institutions adéquates pour encourager ces sentiments naturels. Devant ce nouveau témoignage de l'échec républicain, tous ceux qui veulent bien réfléchir comprendront que seule une Monarchie renouvelée, forte et sûre d'elle-même peut mener à bien une telle politique. En attendant que, d'une part, les Princes redeviennent des chefs politiques et militaires et pas des mondains invétérés, et qu'une autre Action française, de l'autre, naisse, il appartient aux citoyens conscients de promouvoir des idées vraies sur la France et sa politique.
Que faire, concrètement?
C'est justement ce que fait une troisième analyse, très claire, factuelle et bien informée, d'un homme politique souverainiste, Christophe Bugeau, qui tire les leçons d'un point de vue républicain traditionnel, cependant réaliste, et détaille les révisions déchirantes (et autoritaires) que ces évènements impliquent. Moyennant quelques réserves et divergences mineures, l'Action française peut y souscrire tant dans le fond que dans la forme. C'est cela, la véritable union nationale.
A.F.-Bordeaux & Basse-Guyenne
P.S. En bonus, nous livrons au lecture une quatrième analyse, qui corrobore celle de l'Action française-Bordeaux & Basse-Guyenne. La réflexion du philosophe libéral Pierre Manent, bien que jugée trop optimiste par son critique catho", ressuscite l'espérance maurrasienne dans le cadre national, et invite les non-musulmans à interroger la laïcité: