Action française-Grand Sud-Ouest: Pourquoi nous, à Bordeaux, Toulouse, Pau et Bayonne, ne sommes pas conservateurs
La Droite est vraiment dans un sale état, Dieu merci! Après le quinquennat raté de Sarközy, devant la "dédiabolisation" de l'extrême-Droite, il ne reste plus aux patriotes grand chose à quoi s'accrocher! Aussi, certains jeunes chercheurs en sciences po' pleins de bonne volonté essaient, au prix de grands écarts intellectuels, de lui réinventer une doctrine, "conservatrice". En creux, cela traduit surtout leur refus de s'imposer la discipline de la seule école que la pensée politique française ait produite au XXème siècle: l'Action française! Il faut dire que, si l'on en juge par sa façade parisienne actuelle, elle est guère n'est qu'une maigre supplétive du néo-F.N. à musique de fond démo-chrétienne gauchisante (comme si une morale hypocrite de boy-scout suffisait à faire une bonne politique) et bien peu, pour ne pas dire: pas du tout représentative des idées réalistes de nos Maîtres Maurras, Bainville et Pierre Pujo, qu'elle a copieusement trahi depuis sa mort en 2007!
Conservatisme et Contre-Révolution
On lira donc ci-après la démonstration peu convaincante d'une audacieuse jeune femme, qui prétend acclimater en France... le conservatisme à l'anglo-saxonne. C'est oublier qu'au-delà des étiquettes politiques trompeuses (parti conservateur en Grande-Bretagne, parti républicain aux Etats-Unis), le conservatisme, comme philosophie politique, est en fait, depuis ses origines avec Edmond Burke, un rameau de la Contre-Révolution.
En effet, si l'on admet que la Révolution est un phénomène mondial, pourquoi son contraire (suivant Joseph de Maistre, "la Contre-Révolution n'est pas une Révolution en sens contraire, mais le contraire d'une Révolution") ne le serait-il pas lui aussi? Naturellement, ce qui est Contre-Révolution dans le monde latin ne l'est pas forcément dans le monde anglo-saxon, les prémisses philosophiques diffèrent, catholiques et absolutistes dans l'un, protestantes et libre-penseuses dans l'autre. Il n'en demeure pas moins une réalité antirévolutionnaire différenciée.
A ce propos, il faut bien rappeler qu'étymologiquement, dans Contre-Révolution, il y a "Révolution" et même Révolution nationale! Ce qui veut dire que ce n'est pas pour la conservation des privilèges indus des bourgeois, mais pour le seul Peuple que nous, à l'Action française, nous nous battons! La conservation ne saurait être un absolu, elle doit être soumise à la critique de l'Intelligence politique que la fédération Grand Sud-Ouest applique, pour sa part, dans un quart de la France.
Conservatisme ou ultralibéralisme?
Une ambigüité amoindrit l'effet des propos de l'auteur, Mlle Strauch. Ce qu'elle confond avec le conservatisme à l'anglo-saxonne, dont elle fait l'éloge, n'est-ce pas plutôt l'ultralibéralisme ( http://www.theguardian.com/books/2016/apr/15/neoliberalism-ideology-problem-george-monbiot?CMP=share_btn_link )? Malgré ses précautions de langage, on le subodore... Mlle Strauch, qui est loin d'être idiote, comprend bien les limites du libéralisme classique. Aussi, essaie-t-elle le mariage de la carpe contre-révolutionnaire et du lapin conservateur, pour donner quelque saveur à son plat parlementaire.
Quelques extraits suffiront pour s'en convaincre:
Tout d'abord, elle se distance des contre-révolutionnaires en les dévaluant par des insultes, afin de mieux récupérer ensuite leurs idées réalistes:
"(...) il faut remonter, comme souvent, à la Révolution française, où les premiers opposants à la Révolution, les «conservateurs» donc, étaient des réactionnaires qui voulaient rétablir la monarchie. Alors que dans d'autres pays, comme en Grande-Bretagne, les opposants à la libéralisation politique se sont progressivement accommodés du nouvel ordre, les conservateurs français - ou ce qui en tenait lieu - sont restés réactionnaires, et ce jusqu'à Maurras! On comprend dès lors que la droite républicaine ait toujours cherché à se distinguer de cette droite, extrême, qui devenait de plus en plus marginale."
Ensuite, pour étayer historiquement son propos, elle établit une équivalence aventureuse entre différents régimes et politiques, les uns parlementaires et les autres césaristes. Le seul point commun qu'on pourrait, à la rigueur, leur trouver, c'est que marchant dans le sens de la Révolution, ils n'en ont jamais renié les principes, s'ils ont maladroitement essayé d'en freiner l'application dans certains domaines, alors que, dans d'autres, ils l'aggravaient (le cas de De Gaulle étant, à cet égard, particulièrement caractéristique)...
"(...) la droite modérée s'est condamnée à nier une partie fondamentale d'elle-même: le conservatisme, soit, entre autres, l'attachement au passé et aux traditions et la prudence eu égard au changement. Or j'estime pour ma part qu'un certain conservatisme politique et intellectuel s'est développé dès le XIXe siècle, avec des hommes comme Guizot puis Ferry. La Troisième République était conservatrice, le gaullisme aussi - mais sans jamais en porter le nom. Et aujourd'hui, il existe des conservateurs, intellectuels et politiques, tout à fait démocrates. "
Elle use d'une astuce: l'opposition des deux France. Il ne s'agit pas, comme on pourrait le croire, de celles de l'Ancien Régime et de la Révolution, mais de la France idéologique et de la France crispée. Un thème giscardien. C'est une manière habile de jeter le discrédit sur les intérêts et les valeurs légitimes du Peuple, notamment sur le plan de la défense syndicale du Travail. En réalité, le grand clivage est entre le pays légal, qui monopolise le Pouvoir, et le pays réel, celui "qui travaille et ne politique pas" (Maurras).
"(...) il y a deux France. L'une est universelle, absolue, égalitaire ; l'autre est faite de hiérarchies, de groupes sociaux, de terroirs. Même si cette dernière ne s'appelle pas conservatrice, elle l'est profondément. Et cette France-là a connu des ruptures, mais plus lentes, plus ambiguës. (...) Je me suis souvent demandée si ces deux facettes de la France étaient liées: plus vous vous projetez dans l'universel, qui passe par des projets plus ou moins abstraits et plus ou moins brutaux, plus vous en contrebalancez la violence par un profond conservatisme social."
Jetant le masque, l'auteur dévoile le but de son combat, le rêve éternel des conservateurs bornés: Obtenir de la Gauche qui détient le Pouvoir intellectuel une reconnaissance. A l'Action française-Grand Sud-Ouest, nous croyons qu'elle vend hâtivement la peau de l'ours! C'est bien là que le bât blesse, car jamais la Révolution n'admettra un débat à la loyale avec ses adversaires et même avec des modérés, qui seront toujours suspectés d'être des crypto-réactionnaires. Il ne faut pas se faire d'illusions: la loi des Suspects régira toujours la politique républicaine.
"(...) la revendication d'une équivalence de légitimité intellectuelle entre conservateurs et progressistes. Ce combat n'est pas encore gagné, mais il est en passe de l'être.
Travestissant le contre-révolutionnaire en un passéiste fixiste, elle donne une image modérée, rassurante du "conservateur" qui, lui, essaie, de façon responsable, non pas de s'opposer au changement, lequel est dans le sens - révolutionnaire - de l'Histoire, mais d'en atténuer les effets néfastes pour la Société. Quelle belle âme, vraiment!... qui oublie que l'histoire est pleine de ces libéraux, ces Kérenski qui voulaient fixer à la Révolution les bornes jusqu'où ne pas aller trop loin!
Cependant que l'empirisme organisateur professé par l'A.F. enseigne au contre-révolutionnaire à observer la Société d'aujourd'hui, non celle d'avant-hier, pour faire le tri entre les traditions qui méritent d'être défendues et sauvegardées et celles qui nuisent à la Nation, un mot absent du vocabulaire de l'auteur.
"(...) une distinction philosophique entre le réactionnaire et le conservateur. Un réactionnaire avance dans la vie en regardant dans le rétroviseur. Je ne lui jette pas la pierre, et c'est pour moi quelqu'un de bien moins dangereux qu'un révolutionnaire. Mais c'est aussi quelqu'un, à mon sens, d'un peu passif, qui finit par perdre beaucoup en voulant tout garder. A mon sens, le conservateur accepte - la mort dans l'âme, certes! - que le changement est inhérent aux sociétés humaines. Son obsession est donc de distinguer le changement légitime du changement illégitime, et d'adoucir les effets du changement. En ce sens, il accepte le changement si les trois conditions suivantes sont remplies: si la situation présente est objectivement négative ; si l'innovateur supporte la charge de la preuve - c'est à celui qui veut changer d'apporter la preuve de sa légitimité, pas à celui qui veut maintenir une situation présente convenable - ; si enfin le changement ne crée pas de rupture insupportable avec la norme ou la culture majoritaire."
Elle décrit le conservatisme comme une disposition d'esprit: mais le libéralisme ne se disait pas autre chose qu'un "état d'esprit"!
"(...) Le conservatisme est d'abord une disposition, un tempérament"
Elle en rajoute d'ailleurs pour se justifier, aboutissant à une morale laïque de la vie d'une pauvreté que n'aurait pas désavoué un Clemenceau (mais peut-être, lui aussi, était-il un crypto-conservateur!):
"(...) Les ultra-libéraux pensent que les conservateurs ne croient pas à la liberté. Mais c'est tout le contraire: le conservateur dit simplement que dans le monde dans lequel nous vivons, la seule et véritable liberté que nous ayons est de vivre notre vie, avec ses contraintes. Cette pensée se reflète notamment dans une certaine conception des mœurs - le mariage traditionnel par exemple, ou l'hostilité à l'égard de la manipulation anthropologique. Les adversaires des conservateurs prennent cela pour de l'archaïsme. Pour un conservateur, c'est seulement le meilleur moyen de préserver la société, mais aussi de vivre sa liberté tout en respectant celle des autres."
Et, pour ce qui est de la faillite intellectuelle et morale de l'Occident, elle exonère totalement, sans donner d'explication à cette déchéance, le rôle joué par le capitalisme! Ouf!
"(...) mon hypothèse est que ce n'est pas le libre-échange seul qui s'est emballé, mais plutôt que certains soubassements moraux, à commencer par celui offert par les églises, se sont effondrés. Le capitalisme, pour moi, n'est pas en cause ; ce sont les sociétés et les hommes qui ne savent plus le modérer."
En dépit de quelques remarques bien senties sur le rapport des ultralibéraux avec la Société et sur les droits de celle-ci, son "conservatisme" n'est donc autre que le libéralisme aristocratique du XVIIIème siècle, celui des grands seigneurs inconscients qui, par anglomanie et snobisme, sapaient systématiquement les fondements du Trône et de la Société. Ce qui ne les empêchaient pas d'être furieusement égoïstes lorsqu'il s'agissait de leurs droits et prérogatives de classe. Ce libéralisme fut prolongé par l'"orléanisme" de la République des Ducs qui nous valut la IIIème République! Et aujourd'hui par l'ultralibéralisme des grands patrons du C.A.C. 40! Belles références!
"(...) le conservatisme est un libéralisme modéré: il ne considère pas la liberté comme le principe unique de la vie commune. Pour lui, la société civile, les traditions et les liens entre les hommes ont presque plus d'importance que l'individualisme - même si libéralisme et individualisme diffèrent. Le conservatisme refuse la fausse alternative entre l'Etat et l'individu: ainsi, le conservateur ne dira pas que les individus «peuvent faire ce qu'ils veulent pace qu'ils sont libres», ni que «l'Etat est la seule autorité à pouvoir permettre et interdire, et doit en user sans limite». Il proposera une solution beaucoup plus réelle et humaine, en montrant que la vie commune est faite d'un très grand nombre de pratiques que nous respectons sans les avoir choisies expressément, mais qui ne sont pas non plus imposées par l'Etat. C'est là toute la distinction entre le droit et la morale. L'erreur des ultra-libéraux est de vouloir expliquer la société uniquement en termes de droits, en niant le fait que nos rapports aux autres sont bien plus complexes. Le conservatisme va encore plus loin: il estime que le libéralisme originel, celui des Lumières et de ses successeurs, est une forme de conservatisme, car ce libéralisme était situé dans un temps et un lieu, fait de coutumes et de traditions."
"Conservatisme": un instrument de la domination de la bourgeoisie libérale
A l'inverse de cette nostalgie, ce qu'elle souhaite de positif ("réfléchir à un conservatisme français politique, où l'Etat garderait sa légitimité sans pour autant écraser la société civile"): la renaissance de corps intermédiaires, l'Action française est la seule à le proposer dans un corps de doctrine articulé. Pourquoi donc l'ignorer, au prétexte qu'elle serait "réactionnaire", et la défigurer en un mouvement voulant un "retour en arrière" - comme si l'on allait revenir à une Société d'Ancien Régime rêvée, agraire et grégaire, "antimoderne" et "décroissante", à rebours de tout progrès technique, moral et intellectuel, telle qu'on la dépeint sur ces crasseuses toiles de Jouy qu'on trouve parfois sur les murs des pavillons des arrivistes d'Auteuil-Neuilly-Passy!?
Pourquoi? Parce qu'en réalité, cette dame travaille pour les classes dominantes (bourgeoisie capitaliste et cosmopolite et haute Administration), qui ne veulent pas de changement dans leur mainmise sur le Pouvoir et leur exclusion du Peuple du champ politique. Elles refusent non seulement de le partager avec un élément extérieur qui ne dépende pas financièrement d'elles (le Roi), mais aussi de se soumettre à la réalité qui crie leur échec dans les deux derniers siècles à maintenir la grandeur française (que la critique nationaliste démontre à loisir)! Leur seul crédo, c'est le carnet d'adresses, la villa au Cap-Ferret, le portefeuille d'actions et les études du petit dernier en Amérique!
La classe dominante se crispe donc sur ses intérêts que le libéralisme dit "orléaniste" du XIXème siècle, celui des Guizot et des Thiers, représente si bien, à défaut de défendre l'intérêt national. Et c'est à cela que Mlle Strauch voudrait nous faire retourner comme si, depuis cette période d'exploitation de l'ouvrier et d'enrichissement spéculatif, la science politique française n'avait pas progressé... dans un sens contre-révolutionnaire, justement. On comprend mieux maintenant son rejet du nationalisme intégral!
La "démocratie royale" (sic) ou la France!
Pour avoir une vue exacte des nécessités de la France en matière politique, on ne se référera pas davantage à certains bourgeois pseudo-royalistes mondains, dissidents de l'Action française du vivant de Pierre Pujo et "maurrassiens" en petit comité, qui feignent d'être partisans d'une "démocratie royale", autrement dit: la démocratie couronnée du second Comte de Paris (décédé en 1999), ce contresens stratégique que continuent pieusement quelques cadets princiers. Autrement dit: Ne rien changer pour que tout change. Voilà qui ne remédiera pas au fond du problème français, qui réside précisément dans la nature, opposée à notre tradition de Peuple (l'alliance du Peuple et du Chef contre les féodaux), de ce Régime! A-t-on jamais vu mépris plus complet du Peuple qui souffre, lui, de la Démocratie?
C'est aussi la position du décor à la Potemkine évoqué plus haut, à qui l'on se gardera d'accorder le moindre crédit d'Action française. Fanatiques de l'illusioniste (ou illu-sioniste) Pierre Boutang (un autre de nos dissidents), qu'ils mélangent avec un soupçon de Proudhon (qui a lu Proudhon?) et une dose de Carl Schmitt, ils pensent que la Vème République, - qu'elle soit U.M.P. ou P.S., - est un Régime garantissant la stabilité du Pouvoir contre les empiètements du Parlement et que, moyennant la révision d'un ou deux articles (5 et 6) de la constitution de 1958, il conviendrait à la perfection à la Monarchie régénérée que Maurras a défendue. Comme si le règne des partis avait disparu parce qu'on a changé le mode de scrutin! On retrouve là le même refus aveugle d'une Révolution nationale ou Contre-Révolution pourtant nécessaire!
Non, tout au contraire de ces dénaturations coupables: "La Monarchie, disait le premier Comte de Paris (décédé en 1894), sera traditionnelle dans son principe et moderne dans ses institutions". Ce qui veut dire que le principe dynastique au sein de la Famille de France suffira à assurer la continuité de la Nation et que ses institutions politiques et sociales seront authentiquement représentatives, non au sens des retournements de l'opinion publique, mais des intérêts du pays réel (corporations, familles, provinces, communes, associations, courants spirituels etc).
On voit qu'on est loin ici de la Vème République dont la pratique a été constamment jacobine depuis sa fondation. Les seuls essais de décentralisation (enseignement des langues régionales, création de régions, statuts lâches octroyés outre-mer) se sont fait sous l'influence technocratique de l'Union européenne, dans des buts économiques essentiellement libéraux, et tendent insidieusement à dissocier la Nation. Plus que jamais, on constate que régime électif et Unité nationale ne font pas bon ménage. Si l'on conserve l'un, on sera tôt ou tard amené à abandonner l'autre. Maurras l'avait déjà dit...
Défendre l'Héritage avec, sans ou contre l' "héritier"
Un Roi, naturellement, permettrait la conciliation des légitimes aspirations des provinces et de la sécurité de l'Etat, mais encore faudrait-il que ce fut un Roi qui en veuille et qui en ait. Force est de constater que, dans un futur prévisible, aucun Prétendant présomptif ne pourra répondre à ce critère de bon sens qu'exige le Peuple de ses gouvernants. Dès lors, il incombe à ce qu'il reste de l'Action française - "canal historique", pourrait-on dire, celle restée en dépit de tout fidèle à l'immortel exemple et aux sages leçons de Pierre Pujo - de maintenir vivante la flamme de notre école de pensée et d'action, et de défendre l'Héritage avec, sans ou contre l' "héritier".
C'est ce que la fédération interprovinciale du Grand Sud-Ouest de l'Action française et ses sections actives de Bordeaux & Basse-Guyenne, de Toulouse & Haut-Languedoc, de Pau & Pyrénées et de Bayonne & pays basque continueront, dans les décennies qui viennent!
A.F.-Grand Sud-Ouest
Quizz: De quelle décadence ce décor à la Potemkine est-il le témoin? - A) celle de la bourgeoisie; B) celle du libéralisme; C) celle du royalisme contemporain. - Question annexe: Se situe-t-il à Paris ou dans l'hémisphère Sud? - Le gagnant, tiré par les soins de la Fédération, gagne un abonnement de propagande à L'A.F. 2000 (Photo D.R.)