Au-delà de Nice: Politique d'abord ou Union sacrée d'abord? Réponse de l'Action française-Bordeaux - le compromis nationaliste permanent

Publié le par Section de Bordeaux & Basse-Guyenne de l'Action française

Au lendemain de l'attentat perpétré le 14-Juillet à Nice, et dans le cadre de notre réflexion stratégique permanente sur les moyens de sauver la France, nous proposons plus bas à la lecture de nos fidèles lecteurs, de plus en plus nombreux, une intéressante tribune d'un politologue à propos d'un parti politique d'extrême-Droite protestataire qui critique le Système, tout en en vivant. Contradiction insoutenable en logique! Tribune évidemment très concentrée sur les problèmes internes, sans intérêt, de ce parti, d'ailleurs bloqué, l'auteur le reconnait, par un tassement, ce qui montre que le "plafond de verre" maximum que l'extrême-Droite peut espérer en France est bel et bien atteint.

Le Peuple français en effet est ennemi des extrêmes, l'Action française aussi. On pourrait dire de façon plaisante: Les vrais modérés, c'est nous! On nous objectera peut-être qu'à situation exceptionnelle, solutions exceptionnelles, mais ce n'est là qu'un slogan qui ne saurait satisfaire ceux qui veulent une transformation en profondeur de la France, une Société à la fois plus juste et plus conforme tant aux meilleures périodes de notre glorieuse Histoire, qu'aux lois éternelles de la prospérité et de la grandeur des hommes. (Et ce n'est pas en fouillant Au milieu des ruines évoliennes mystificatrices que l'on trouvera, par exemple, la vrai nature de la corporation qui résoudrait la question sociale, mais plutôt dans la doctrine sociale de l'Eglise et dans l'histoire!)

Ce qui est nécessaire au salut de la France, c'est donc une stratégie à long terme forgeant des convictions solides par le combat en commun, comme celle que la fédération Grand Sud-Ouest, fondée par Pierre Pujo, mène sous la houlette de son Délégué régional depuis une quinzaine d'années et que nous appliquons avec bonheur ici à Bordeaux, comme les autres sections locales ailleurs dans la grande région.

Ce qu'est et ce que n'est pas le compromis nationaliste

Cette stratégie, le compromis nationaliste, passe par l'union de tous les patriotes de Droite comme de Gauche au service du seul intérêt national, lorsque la France est menacée d'un grave danger. Autrefois temporaire - limitée à la durée d'une guerre contre un ennemi extérieur - elle a changé de nature depuis que les "mots de la tribu" ont changé de sens, depuis qu'une guerre idéologique insidieuse, fomentée naguère par la Russie soviétique, attaque en permanence, de l'intérieur, les principales nations occidentales, les frappant de sidération et les faisant douter d'elles-mêmes, de leur force et de leur mission civilisatrice. C'est ainsi que la France a été amenée à rejeter le "fardeau de l'homme blanc" et à "décoloniser" son Empire. Ou encore à rejeter l'expérience de nos aïeux, même républicains, au point de ne plus savoir comment assimiler les étrangers, qui ne demandent que cela, alors que nous avons toujours su le faire à toutes les époques, et à ratiociner sans fin sur "Comment peut-on être français?".

Cependant, le compromis nationaliste, souvent initié par l'Action française, a fonctionné régulièrement au XXème siècle, pour le plus grand profit de la Nation. Première et Deuxième Guerres mondiales, guerre d'Algérie, lutte contre la construction européenne (depuis les années 1950) en portent témoignage. Récemment, il a été réalisé dans le combat contre les projets de constitution européenne, même si, depuis la victoire au référendum du 29-Mai 2005, les ambitions personnelles stimulées par le Système démocratique ont repris le dessus sur l'intérêt national. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il ne soit plus nécessaire (ni même dans le "sens profond de l’Histoire", comme le Brexit semble l'indiquer).

Questions préalables

Loin donc de nous confiner confortablement à "nos petits milieux", il faut aller à la rencontre des Français et opérer, comme l'a fait en son temps Maurras, une nouvelle synthèse nationale antidémocratique. L'opinion, on l'a vu dans l'affaire Cahuzac, y est prête. Pour cela, il faudrait déjà être en ordre de bataille. Les seules interrogations (de taille) sont:

1/ Y a-t-il un pilote dans l'avion de tourisme ou, mieux, le planeur (car on ne saurait parler de Boeing (c) ou de Rafale (c)!) "Action française"? Ou bien a-t-il été détourné par des pirates de l'aèfe?

2/ Y a-t-il seulement un prince qui en veuille et qui en ait?

A ces deux questions, la réponse est, malheureusement: Non. Il serait trop facile de se dorer et de se blasonner la pilule; néanmoins, la marque de fabrique de notre école de pensée est dans la liberté absolue de parole et la franchise intégrale.

Les déviations d' "Axion Front-XVI"

Les particuliers qui se prétendent abusivement successeurs de Pierre Pujo n'ont pas l'étoffe de ce héros. En s'alignant de facto sur le néo-F.N., après avoir couru, il y a cinq ans, après les racisto-identitaristes ou plus récemment après les soraëliens, au lieu de faire de la force d'Action française, ils nient implicitement la spécificité et la Vérité de nos doctrines et, incapables de penser en-dehors des modes fabriquées par les médias, montrent leur absence de vision stratégique globale. Ceci, en politique, est pire qu'une faute.

Idéologiquement, dans leur camp, ce serait plutôt le vide sidéral que le trop-plein!

Post-boutangisme à plein tubes - ce bateleur de foire que l'A.F. a rejeté de son sein dès 1955, - évolisme interruptus, - quand nous avons toujours condamné tous les folklores "indo-européens", - gramscisme soraëlien limité au rouge des affiches! - suivisme des modes politiques écologistes vaticanes, - ce que nous avons refusé légitimement de faire en 1926 et qui nous a valu les foudres sinistres de Pie XI, - familialisme paternaliste LMPT perpétuant le mode de vie de la bourgeoisie du XIXème siècle, - bref, du vent intelloïdo-clérical, plus impuissant à déclencher une Contre-Révolution que l'aile d'un papillon à générer un ouragan!...

Ce que ces gens gratinés feignent de ne pas comprendre est que mille erreurs, additionnées, ne font pas pas une Vérité, ni une force. A l'aèfe, on demande des hommes d'A.F.!

Quand au(x) "prince(s)", passons au déluge!

Que faire dans un contexte français bouleversé?

Dès lors, pour être fidèles à nos Maîtres Maurras, Bainville et Pierre Pujo, il nous faut, en tant que nationalistes d'Action française, défendre l'héritage national, sans espoir de secours par l'héritier, et sans l'aide des classes privilégiées! Il ne faut pas se leurrer d'ailleurs: le Peuple est loin, à des années-lumière, les études d'opinion le montrent, de la solution monarchique.

Comme le prouve l'histoire des deux derniers siècles, il préférera toujours tous les "hommes providentiels" issus du pays légal au Roi légitime. Si la Restauration pouvait encore être envisagée dans la Société largement paysanne, respectueuse des traditions et soumise aux autorités sociales (clergé, noblesse terrienne, bourgeoisie enracinée) de la fin du XIXème siècle, ce n'est plus le cas dans un monde urbanisé, atomisé, amolli, gavé de loisirs et rendu crédule, d'une autre manière, par l'éducation primaire de masse et par les médias! Qu'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore, telle est la situation politique.

On le voit, elle est peu favorable. La déesse France, comme dirait Maurras, n'a jamais été aussi seule! L'essentiel pourtant n'est pas les calculs politiciens (arriver au Pouvoir par une alliance de toutes les Droites, au prix de la Vérité politique et pour une durée infime, quelle folie!), mais de se demander: Pourquoi prendre le Pouvoir? C'est là que la question de l' "euro" réputé éternel, tout-puissant et infaillible est capitale:

"Oui ou non, le Pouvoir politique permet-il de changer la donne?"

Les erreurs de l'activisme narcissique

Si oui, tout n'est qu'affaire mécanique de positionnements, de propagande, de rapports de force et de retournements de vestes Lonsdale. Gagner, élection après élection, des places à Trifouillis-les-Oies, dans l'espoir de convertir une majorité de Français du bien-fondé de votre politique et dans la crainte qu'une autre majorité ne démolisse tout ce que vous aurez bâti sur le sable. Morne et répétitif labeur, finalement vain!

Faire des militants par tous les moyens (y compris numériques), les former comme on gave les canards en batterie, les discipliner, les garder, dans l'attente millénariste d'une Restauration contre-révolutionnaire totale (politique, économique, sociale, culturelle, religieuse), - fut-ce avec honnêteté et sérieux, - peut aussi, dans cette optique, suffire à des esprits légers. On sait que c'est la position traditionnelle de l'aèfe: multiplions les cercles d'études, les ventes à la criée et les rallyes, et, un jour, "demain, mon Roi viendra" "avec des cadeaux fiscaux par milliers"! C'est la version bourgeoise des "lendemains qui chantent" et "rasent gratis"! L'ennui, c'est qu'ils finissent par raser même les blousons dorés bourges tant vantés, et alors, il ne reste plus que les laissés pour compte de la politique réelle, grognards, pleureuses et Cassandre d'extrême-Droite. Mais, en politique, grogner n'est pas jouer, ni agir ou réaliser, d'ailleurs!

Dans les deux hypothèses, encore faudrait-il, à une ère qui refuse l'engagement, qu'il y ait de tels "combattants" capables de s'imposer la discipline de pensée et d'action qu'exige notre école... Force est de constater que si l'on en rencontre, on en rencontre peu, car cette discipline, impliquant un engagement à vie, quoique à des degrés différents selon les périodes, est contraignante. Tous n'en sont pas capables. Or, cette stabilité est une condition indispensable à un travail sur la durée.

Gramsci, Maurras ou Renouvin?

Si non, alors c'est la victoire de Gramsci (ou de Renouvin) sur Maurras. Faire de l'agitation politique est, dans ce cas, puéril. Ce qu'il faut au contraire, c'est transformer en profondeur la culture et les mœurs de l'extérieur du Pouvoir (vaste programme!) par le contrôle de l'enseignement, des médias et du monde de la culture, transformation rendant la (Contre-)Révolution inutile. Ce qui nécessite un corps hautement qualifié de contre-révolutionnaires professionnels, disciplinés et unis par une même doctrine, qui n'existe pas actuellement. La même remarque que précédemment s'applique à ce cas de figure. Quant à mélanger, au petit bonheur, pseudo-gramscisme et électoralisme, teintés d'une bonne dose d’arrivisme, ça ne fait pas une stratégie ou une doctrine.

Mais quelle doctrine proposer aux réactionnaires désorientés? C'est là que les choses se corsent, comme on l'a vu plus haut: Jusqu'à la Seconde guerre mondiale, tout ce qui était patriote était plus ou moins imbibé de "maurrassisme", plus ou moins bien digéré. Cela créait un certain nombre de réflexes pavloviens... nous voulons dire maurrassiens, qui augmentaient l'audience monarchiste de l'A.F. et fournissait au monde de Droite qui croyait aux idées plutôt qu'au portefeuille une unité tactique, un front du refus. Cela s'est achevé quelque part entre 1945 et 1962... Qui, à part des nostalgiques et de jeunes exaltés, a encore besoin du nationalisme intégral dans une Europe en paix et prospère, et quand on a largué l'Empire? La question est toujours d'actualité. De la réponse qu'on y trouvera dépendra le sort de la France, grandeur ou décadence, Monarchie ou République.

Les aberrations de l'extrême-Droite

Le coup de grâce a été l'introduction à forte dose, dans les années 1970, grâce à la grande Presse de Droite antimaurrassienne et au F.N., de la "Nouvelle Droite" païenne et structuraliste... Cette influence prédominante a substitué l'"ethnodifférentialisme", d'origine germanique, donc étranger à la tradition politique française, à la croyance traditionnelle en Occident à la supériorité et à l'universalité de la Civilisation gréco-latine, dont se réclamait l'A.F., pour aboutir au scepticisme et au relativisme en politique.

La vulgate "ethnodifférentialiste", popularisée après la défaire de l'Algérie française, n'est au fond rien que l'application sans originalité des théories structuralistes de Derrida, Lévi-Strauss et Barthes au nationalisme français. Leurs "idées" sur l' "identité" peuvent se résumer par le slogan mondialiste de Benetton: "Tous différents, tous semblables!" Et c'est ce genre d'inepties signées par de Benoist ou Evola, censées légitimer la supériorité d'un mythique homme blanc viril, qui fascine, à rebours de l'intelligence politique, certains femmelins, que Proudhon, le vrai, aurait daubés.

L'un des nombreux symboles graphiques pseudo-indo-européens de ces arriérés est la roue tournant perpétuellement à contre-courant de tous les progrès (qui rappelle l'obstination rétrograde de Gandhi filant la laine dans son pagne à l'âge atomique). Comment mieux signifier la reculade effectuée depuis le positivisme monarchique de Maurras, que ce recours à une "Tradition primordiale" inconnue au bataillon de la culture humanistique classique! Quel manque d'équilibre psychique que ce refuge romantique dans un monde rêvé peuplé de statues d'Arno Breker! Quelle perte sèche, surtout, pour la France, "mère des arts, des armes et des lois"!

Union sacrée d'abord! Vers un compromis nationaliste permanent

C'est ainsi que des questions périphériques (comme l'immigration, qu'elle soit qualifiée de "clandestine", "de masse", ou de "crise des réfugiés") prennent le pas dans l'esprit activiste de racisto-identita-tristes (sic) sur la primauté chronologique de la politique dans la Nation. C'est confondre la conséquence de l'esprit antinational des institutions françaises avec la cause! C'est la cause qu'il faut, d'abord, traiter. Dans une perspective nationaliste, c'est cet esprit logique de justice nationale, le seul humain, qu'il faut faire prévaloir, avec l'aide de tous les Français de bonne volonté, politisés ou non. Une fois l'Etat restauré dans ses prérogatives essentielles, les autres problèmes se règleront d'eux-même, on les verra dans leur exacte lumière. Le "politique d'abord", aujourd'hui, ne se comprend que renforcé par un "Union sacrée d'abord"!

Bref, c'est cela, le compromis nationaliste voulu par Pierre Pujo. De temporaire, celui-ci doit devenir permanent, pour répondre aux crises auxquelles la France continuera d'être confrontée à l'avenir. Pour sa part, la Fédération, à laquelle notre section enracinée s'honore d'appartenir, qui ne s'intéresse qu'à la seule France, continuera à le pratiquer loyalement, sans œillères ni illusions, tant que la Patrie ne sera pas sortie de l'ornière.

A.F.-Bordeaux & Basse-Guyenne

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/02/05/31001-20160205ARTFIG00364-rassembler-la-france-du-non-ou-faire-l-union-des-droites-le-dilemne-du-fn.php

Pour sauver la France, il faut une stratégie. L'extrême-Droite identitariste, parlementaire ou aspirant à y parvenir, propose le retour vers un passé mythologique. L'Action française-Grand Sud-Ouest, elle, fidèle à ses Maîtres Maurras, Bainville et Pierre Pujo, regarde avec confiance vers l'avenir et propose une leçon hilarante tirée du film "Hot Shots" (Film D.R.).