Blondel, Maurras et la défunte Chrétienté
Intéressante citation d'un livre sur le philosophe moderniste Blondel, dont la pensée, en l'occurrence, énonce une vérité que Maurras affirmait d'une autre manière à la même époque: La Chrétienté est morte à la Réforme, on ne la ressuscitera pas. Il est donc vain de vouloir la reconstruire à l'identique; il faut trouver de nouvelles voies. Toutes choses égales, c'est aussi un peu la même chose pour la France, comme l'Action française le constate ici en Bordelais: On ne retrouvera pas un patriotisme sous les formes bourgeoises, conservatrices et militaristes que l'on a connues aux XIXème et XXème siècles; il faut faire preuve d'imagination pour être nationaliste au XXIème siècle. Bref, rien de neuf sous notre soleil atlantique! A Société nouvelle, nationalisme nouveau!
A.F.-Bordeaux & Basse-Guyenne
"Blondel n'est pas moins convaincu que tout autre catholique qu'une paix véritable ne peut venir que du Christ. Seulement il n'en fait pas ni un préalable, ni un principe surajouté que les chrétiens devrait imposer à tous les hommes. Par rapport à la situation réelle de l'humanité (...) en France (...) il ne s'agit donc ni de rêver du retour de la chrétienté, ni d'en faire analogiquement un modèle pour mobiliser les énergies chrétiennes. Il n'y a pas d'autre mouvement de l'histoire que celui qui se déroule sous nos yeux et qui est le produit de multiples traditions qui nous rendent solidaires, que nous le voulions ou non, des générations qui nous précèdent. Aussi renvoyer dos à dos régimes autoritaires et régimes libéraux au profit d'une nouvelle chrétienté à retrouver ou reconstruire à nouveau frais est une attitude qui fait totalement abstraction du mouvement réel de l'histoire et des liens dans lesquels les individus sont nécessairement enserrés. Tout le travail du philosophe consiste à relire l'histoire déjà là, non pour y trier a priori les éléments bons ou mauvais, mais pour y discerner le mouvement qui correspond à la volonté intime de chacun de développer la communion des personnes. C'est pourquoi une attitude intégralement catholique ne peut consister qu'en reposant sur deux points principaux : pas d'autre préalable que des principes communs à tous les hommes, puisque ce sont des principes philosophiques auxquels la conscience autonome de chacun peut accéder, considérer l'histoire dans son plein mouvement et non par rapport à des modèles, qu'ils soient inspirés par la nostalgie du passé ou par l'espoir d'un avenir radicalement meilleur."
Source: http://www.penser-le-genre-catholique.fr/ne-pas-r%C3%AAver-du-retour-de-la-chr%C3%A9tient%C3%A9