Sur un mot de mister Blair: le réalisme en politique s'applique aussi à l'Action française!

Publié le par Fédération interprovinciale du Grand Sud-Ouest de l'Action française

On sait les difficultés que le nouveau leader du parti travailliste anglais, le gauchiste rétrograde Corbyn connait. L'ancien premier ministre Blair vient y ajouter, avec le grain de sel qu'il pourrait faire son come-back en politique, son interprétation qui peut, ma foi, faire réfléchir aussi en France, spécialement dans notre Mouvement d'Action française. Laissons-lui la parole en V.O., avant de donner l'opinion de la fédération Grand Sud-Ouest, seul organisme d'A.F. actif dans la grande région à Bordeaux, Toulouse, Pau et Bayonne... et au-delà:

“This is not about Jeremy Corbyn,” he said. “It’s about two different cultures in one organism. One culture is the culture of the Labour party as a party of government. And that, historically, is why Labour was formed: to win representation in parliament and ultimately to influence and to be the government of the country.

The other culture is the ultra-left, which believes that the action on the street is as important as the action in parliament,” he said. “That culture has now taken the leadership of the Labour party. It’s a huge problem because they live in a world that is very, very remote from the way that the broad mass of people really think.

The reason why the position of these guys is not one that will appeal to an electorate is not because they are too left, or because they are too principled. It’s because they are too wrong.

“The reason their policies shouldn’t be supported isn’t because they’re wildly radical, it’s because they are not. They don’t work. They are actually a form of conservatism. This is the point about them. What they are offering is a mixture of fantasy and error."

Source: https://www.theguardian.com/politics/2016/oct/07/tony-blair-says-his-return-to-british-politics-is-an-open-question?utm_source=esp&utm_medium=Email&utm_campaign=GU+Today+main+NEW+H+categories&utm_term=193717&subid=11792130&CMP=EMCNEWEML6619I2

Commentaire: Il n'appartient pas à l'Action française-Grand Sud-Ouest de s'immiscer dans la cuisine politique d'un parti étranger. Nous sommes un Mouvement purement français, qui n'attendons le salut du Pays d'aucun exemple, ni d'aucune aide étrangère, à la différence des racisto-identitaristes (qui font le jeu de Moscou) et autres sots-raëliens (qui font tantôt celui de l'Iran, tantôt celui du Venezuela). Cet avenir, nous le forgeons chaque jour de nos mains, avec nos seules idées d'A.F. Il est vain de vouloir faire des emprunts doctrinaux ou pratiques à des partis ou des situations qui ne sont pas compatibles avec le résultat que nous souhaitons obtenir en France. (C'est toute la raison de l'échec actuel du groupuscule "Axion Front-XVI" et de sa course éperdue derrière les racisto-identitaristes, les cathos obsédés par le sexe des anges ou le néo-F.N.) Proudhon disait à peu près que l'on ne peut greffer du courage intellectuel à celui qui en est dépourvu et que les carriéristes ne sont que des femmelins, adorateurs de la Force pour la force (n'est-ce pas, "Petit-Pull-Orange" Blanchonnet?).

"Pays légal" et "pays réel" d'Action française

Mais revenons à nos moutons, c'est-à-dire à Blair et à son analyse de ce qui fait le succès en politique. Il parle d'or, puisqu'il a réussi à égaler et surpasser en durée la recordwoman de Downing Street (Mme Thatcher), étant resté plus de dix ans au Pouvoir. Mais dans quel état de division a-t-il laissé le parti travailliste! Si ses cadres parlementaires sont libéraux-libertaires, la base, en élisant et réélisant Corbyn, a marqué qu'elle restait indécrottablement marxisante.

Cette dichotomie est en elle-même intéressante. Elle s'applique, toutes choses égales par ailleurs, à l'A.F. actuelle: si les cénacles parisianistes sont acquis à l'idée folle d'une participation illusoire à un gouvernement F.N. new look (dans lequel ils croient pouvoir figurer l'appoint de "l'ouverture"), la base, elle (lecteurs de L'Action Française 2000, adhérents au crafe, sympathisants de province qui forment le gros des maigres bataillons du nationalisme intégral), est indéfectiblement composée de nationalistes d'esprit traditionnel, acquis et rompus aux idées maurrassiennes. Il y a là une dialectique inquiétante pour les novateurs...

Blair marque que le critérium du succès en politique, c'est l'élection (et la réélection) par le Peuple. L'Action française, de son côté, si elle n'exclue aucun moyen pour changer de Régime, n'a, logiquement, jamais privilégié, en présentant régulièrement des candidats aux élections, la légitimation d'un Système qu'elle souhaite détruire, la Démocratie. Cela aurait été alimenter un Régime de mort qui empêche la restauration de la grandeur française et le bien-être du Peuple.

Un Régime, un Peuple, et pas d'opposition

D'où, pour Blair, un pragmatisme politique et économique, qui ne laisse pas de place à des solutions idéologiques trop étrangères aux mentalités. Or, que trouvons-nous en France aujourd'hui? Un Peuple, comme nous l'écrivions récemment, étranger au nationalisme et à l'idée de Roi, qu'il juge surannés. La pensée qu'il se débat lui même dans un antipatriotisme et une attitude subversive dépassés ne l'effleure pas. En effet, même s'il vit et travaille en France et si sa sécurité dépend de la force de notre Communauté nationale, il se refuse encore absolument, sous l'emprise des idées de mai 68 qui sont l'aboutissement de l'oeuvre destructrice des instituteurs communistes des années 20-50, à le reconnaître et à agir en conséquence. Et on ose parler de "droitisation des valeurs" des Français! Mais où est donc le nationalisme rationnel, qui en serait la traduction politique? Car quelques mouvements sporadiques de mécontentement, ou bien des réactions xénophobes ne sauraient tenir lieu d'une critique charpentée s'incarnant en un mouvement discipliné! Que des activistes imbéciles, agités par des arrivistes professionnels, fassent parler d'eux, c'est dans l'ordre des choses. Jamais ils ne gêneront décisivement le Pouvoir établi. Quant à l'éventualité d'un coup d'Etat militaire par une junte de jeunes ou de vieux officiers excédés, naïfs et non-formés politiquement, qui deviendraient vite les jouets des politiciens roublards, loin de servir la France, il porterait aux idées de renaissance nationale un coup fatal; il n'est pas souhaitable. Blair a donc raison en disant que l'action de rue, directe est un leurre, un rêve.

D'autre part, il n'y pas en France de contestation, d'opposition frontale, radicale, totale au Régime démocratique (car on ne saurait tenir le F.N. new look pour cela). La seule alternative possible serait l'A.F., si elle était en ordre de bataille. La solution électorale, valable au Royaume-Uni, est inapplicable ici.

Nécessité d'une "discipline de parti"

Nous parlions de discipline. C'est précisément le point essentiel pour tout mouvement qui souhaite, comme la Fédération, aboutir. Discipline de pensée (qui n'est pas caporalisme, mais honnêteté dans le raisonnement et volonté de le traduire dans la réalité) et d'action (intelligence et cohésion dans celle-ci, dans le cadre des hiérarchie et structures préexistantes, non de façon anarchique, contre elles). Le sentiment (la trop fameuse "amitié d'Action française", qui cache toutes les dissidences et les plus vils coups bas) n'a rien à faire en politique, à la différence de la démagogie; il peut arriver, que, pour se faire comprendre du Peuple, on doive employer son langage et donc "grossir le trait", mais jamais une adhésion passagère ne justifie une déviation doctrinale. Pour nous, nous nous interdisons par avance d'employer ces moyens grossiers, nous mettant volontairement en position d'infériorité dans le débat public: "Nous respectons trop le Peuple pour lui mentir", disait Maurras, quand bien même d'un mensonge dépendait son salut. Et pourtant... "Paris vaut bien une messe!"

Nous ne sommes et nous ne devons être ni un mouvement de masse ("royaliser le Pays" est une tâche irréaliste et disproportionnée, par rapport à nos moyens), ni un mouvement d'élite (terme que l'on utilise généralement pour masquer la faiblesse des effectifs et la sociologie aristocratico-bourge qui plombe notre audience auprès du Peuple). Sauf quelques éléments, - d'élite, ceux-là - il faut savoir que le Peuple dans sa masse est inaccessible à un raisonnement un peu poussé (sans doute, ici, des cathos intellos invoqueraient en se lamentant la "crise de la transmission", l'amoindrissement de l'enseignement de l'histoire et de la philosophie - le fait est que l'enseignement public, laïc et obligatoire, fils du Régime, favorise objectivement l'ignorance et le désintérêt pour la Cité!). Nous devons être une avant-garde. C'est ce que la fédération Grand Sud-Ouest, avec ses sections actives de Bordeaux & Basse-Guyenne, de Toulouse & Haut-Languedoc, de Pau & Pyrénées et de Bayonne & pays basque, essaie d'être, à son niveau. L'avant-garde, chargée d'explorer le terrain sans s'y perdre et d'ouvrir une voie au gros de la troupe avec lequel elle doit rester en constante communication (ici, le Peuple lui-même, sans intermédiaires déformants qui travestissent sa volonté), suppose des qualités de curiosité, de courage, d'audace, d'à-propos, d'ingéniosité qui ne sont pas le fait de la masse, pas plus que des prétendues élites, trop souvent confites en admiration de leur nombril.

Le fait d'être minoritaire n'est pas une excuse pour ne pas faire le ménage dans un mouvement. Or, à l'aèfe, telle qu'elle se présente dans certains cénacles de Paris, on n'a jamais vu, de mémoire de militant, que des coteries étudiantes, d'extraction conservatrice (voir les immortels Thibaut de Pierre de Bernis ou Charles-Henri d'Herpès), en éliminant d'autres, pour squatter plus à leur aise les bureaux du Siège et avoir une "surface sociale" dans le centre de la capitale. Malheureusement pour ces Eliacins, ce n'est pas le nombre de mètres carrés occupés vainement et la proximité géographique avec le Pouvoir qui fait une Contre-Révolution!

L'urgence d'une Contre-Révolution au sein d' "Axion Front-XVI"

Blair a entièrement raison en disant que deux "cultures" ne peuvent coexister dans un appareil conçu pour prendre le Pouvoir; l'une doit forcément exclure l'autre. Tous les révolutionnaires ont démontré cette vérité et par là même se sont frayé un chemin vers le gouvernement. A l'A.F. en 2016, il s'agit de savoir si la ligne de l'accommodement avec la Démocratie, au prix de la perte de notre spécificité, dont les sahibs Dejouy, Bel-Ker, Blanchonnet et Hatem sont les chantres, va l'emporter sur celle de la fidélité à nos principes et à nos exemples nationalistes (qui ne se dispense pas d'être sainement critique), disons la ligne que suit, depuis au moins une décennie, la fédération Grand Sud-Ouest sous la direction de son Délégué régional.

A l'heure où le régimiste Viansson-Ponté entre en force dans le capital de L'Action Française 2000 et dans sa direction, faire le ménage au sein de son appendice activiste s'impose urgemment à tous les éléments sains qui y demeurent encore. La base peut et doit se faire entendre par l'arme à sa disposition, la seule qu'il entendra: la grève du réabonnement à L'A.F. 2000 et de la réadhésion au crafe, la constitution autour des môles de résistance provinciaux d'un nouvel organisme militant. La Fédération appuie entièrement ces efforts.