Un grand banquet patriotique à Bordeaux
Plus de huit cent personnes, venues de toute l'Aquitaine et de tous les horizons socio-professionnels et politiques, ont participé, dimanche 5 novembre, à un grand banquet patriotique organisé autour de Jean-Marie Le Pen, candidat nationaliste à la présidence de la République.
M. Le Pen est apparu au meilleur de sa forme, fustigeant résolument les élites qui se sont succédées au pouvoir depuis trente ans et qui, aujourd'hui, pronent la "rupture"... avec elles-memes! Les Juppé à Bordeaux et Sarkozy à Paris en sont les parfaites incarnations à droite! Au pays de Montesquieu, l'orateur ne pouvait manquer de développer un plan cohérent et argumenté des réformes souhaitables de la justice française prévoyant notamment, ce qui est excellent, la suppression de l'école nationale de la magistrature, le recrutement des juges dans les professions juridiques et la police, et la présomption d'innocence systématiquement accordée aux policiers faisant usage de leur arme dans l'exercice de leurs fonctions.
Il a ensuite évolué librement, pour le plus grand plaisir de l'assistance, autour des tables qui remplissaient le grand hall du Palais, en se livrant à diverses considérations sur Chirac, Royal et autres princes du Système, sur leurs désirs secrets, leurs chances et ses pronostics personnels pour l'élection présidentielle de 2007. A un mètre de distance, on était mieux à meme de se rendre compte du talent de ce grand tribun qui se classe sans peine au rang des Paul Déroulède et Léon Daudet. Et aussi de l'abime qui existe entre la mythologie forgée contre lui, que certains à droite se plaisent à colporter, et la réalité de ce Français profondément équilibré.
L'orateur a atteint au pathétique lorsqu'après avoir cité les chiffres exacts de notre situation désespérée (chomage, délinquance, etc.) et dénoncé, en
particulier, la politique de "grande braderie du patrimoine public des Français", il a affirmé sa foi dans la destinée privilégiée de notre patrie. Sera-t-il l'homme providentiel qu'un
nombre grandissant de Français appellent de leurs voeux? Il le souhaite, non par ambition personnelle (car il a conscience de la fugacité de l'existence) mais pour éviter que la France,
perdant cinq années supplémentaires, ne laisse échapper l'une des dernières (?) chances qu'il lui sera donné de saisir pour remonter la pente du déclin.
Toutefois, à la différence de l'Action française, Le Pen ne voit de salut que dans le jeu démocratique, assaisonné de référendums périodiques: c'est son
credo politique depuis la fondation du Front national et l'on n'en change pas aisément, mais qui oserait nier que, tout comme au 29-Mai 2005, le corps électoral ne tiendra pas, dans le
candidat qu'il choisira à l'élection présidentielle, la clé d'une porte de sortie du gâchis démocratique, de l'atlantisme et de l' "euromanie"? Qui vivra verra...
(d'après Sud-Ouest.)