Votre question:
Bonjour.
Dans le cadre d'une recherche historique je suis à la recherche d'un exemplaire de l'action française du 17 Juin
1940.
L'auriez vous dans vos archives ?
Merci de votre aide.
Notre réponse:
Monsieur,
Merci pour votre message. Notre bibliothèque possède en effet le numéro du 19 juin 1940. Vous pouvez le consulter sur
rendez-vous. Entre le 10 et le 19 juin, la rédaction de L'Action Française était, comme des millions de Français, sur les route de l'exode, fuyant l'avancée des troupes boches. Au milieu
de cette confusion, un appel à soutenir le gouvernement légal de la France, dirigé par le maréchal Pétain, fut lancé le 25 juin de Villefranche-de-Rouergue (http://actionfrancaiseaquitaine.over-blog.com/article-il-y-a-71-ans-l-action-fran-aise-en-rouergue-71555402.html).
En ce qui concerne l'armistice du 22 juin 1940, décision politique, nous nous sommes rangés à l'avis compétent du
généralissime Weygand, ancien chef d'état-major de Foch, et du maréchal Pétain, seuls réalistes: la bataille étant provisoirement perdue en métropole, il fallait faire cesser rapidement
l'effusion inutile de sang français (100.000 morts!), conserver notre Marine de guerre intacte ainsi que l'Empire colonial comme base arrière, arracher au vainqueur quelques concessions (comme le
fait de garder une petite Armée et des forces de police) et préparer la Revanche. Pour l'A.F., dès l'Entre-deux-Guerres et pendant toute la durée de la Guerre, l'Allemagne est toujours
restée l'ennemie n° 1.
Pour ce qui est de la collaboration, Maurras et l'A.F. ont été les bêtes noires des
collaborationnistes zélés de Paris; l'A.F. a exclu sans pitié de ses rangs ceux qui se laissaient séduire par le vainqueur (Rebatet, auteur des Décombres, Sordet, Brasillach);
les chefs de l'A.F. figuraient en bonne place sur les listes des personnalités à arrêter en priorité de la Gestapo (Maurice Pujo, codirecteur du Journal, l'a d'ailleurs été en 1944); leurs
livres et le Journal étaient interdits en zone occupée.
Enfin, le soutien raisonné au maréchal Pétain et à son gouvernement personnel (jusqu'au retour de Laval en 1942)
s'incrivait dans la logique de consolider la défense nationale et la paix intérieure compromises par la Défaite. Cette politique de soutien en temps de guerre du gouvernement en place,
fut-il républicain, est une constante de notre Mouvement nationaliste et royaliste depuis la Première Guerre mondiale: on ne fait pas la Contre-Révolution devant l'ennemi, cela
affaiblirait la Nation. C'est ce que nous appelons le compromis nationaliste. Loin donc d'avoir été un soutien d'abord idéologique à la Révolution nationale (dont l'A.F.
était loin d'être l'inspiratrice unique), notre soutien patriotique n'a existé qu'en vue de la Revanche. Les historiens de bonne foi reconnaissent aujourd'hui que cette politique de Vichy
n'était pas chimérique, mais qu'elle a protégé l'éclosion et l'essor de la Résistance.
Nous espérons que ces précisions vous seront utiles pour mieux comprendre notre politique pendant cette période troublée.
Surtout, nous vous recommandons de lire le livre de Pierre Pujo, notre Directeur aujourd'hui décédé, L'Autre Résistance: L'Action française sous l'Occupation (éditions
Godefroy-de-Bouillon, 2004), que nous pouvons vous procurer facilement. Nous restons à votre disposition pour tous renseignements supplémentaires.
Cordialement,
Le bibliothécaire-archiviste
de la fédération interprovinciale
du Grand Sud-Ouest
de l'Action française
O. LIBRIUS