LA RESTAURATION NATIONALE CONTRE L’ACTION FRANCAISE !

Publié le par Fédération Aquitaine-Grand Sud-Ouest

Le 27 juillet 1998, une ordonnance de référé interdisait à Pierre Pujo, directeur de L’Action Française Hebdo (aujourd’hui L’Action Française 2000) l’usage de la dénomination Restauration nationale et du sigle de celle-ci. L’Action française était ainsi dépossédée du mouvement qui, depuis 1955, rassemblait ses militants.

 

Une seconde ordonnance de référé a été rendue le 28 octobre 1999. Elle condamne à nouveau Pierre Pujo et lui inflige le versement de 58.000 francs d’astreintes[1] parce qu’il n’aurait pas respecté la première ordonnance. Précisons que ces deux ordonnances ont été rendues à la demande de Pierre Philippeau, président de l’association déclarée « Restauration nationale » et d’Hilaire de Crémiers, délégué général de la « Restauration nationale » qui ont été nommés l’un et l’autre par Pierre Pujo, le premier en juin 1994, le second en janvier 1997.

 

L’ordonnance du 28 octobre 1999 constitue un déni de justice criant car Pierre Pujo et L’Action Française Hebdo ont suivi à la lettre les prescriptions de la première ordonnance. Nous mettons tout en œuvre pour obtenir que cette ordonnance soit réformée. En attendant l’Action française continue, avec son journal L’Action Française 2000 et son mouvement, le Centre de propagande d’Action française.

 

Nous publions ci-dessous l’analyse que Me Murat, avocat honoraire, vieil ami de l’Action française, nous a adressée. Il explique avec objectivité et rigueur les difficultés auxquelles nous sommes confrontés.

 

A.F.



 

La Restauration nationale, aujourd’hui adversaire de l’Action française, a pour objet d’aider à la propagande de la doctrine de l’Action française. Cette doctrine est régulièrement exposée, adaptée, défendue par l’Action française, d’abord revue, puis quotidien, puis hebdomadaire, présentement périodique bi-mensuel, et ce, pendant une période qui s’étend sur les cent dernières années de notre histoire. Le Centenaire vient d’en être célébré le 20 juin 1999.

 

Le mouvement politique de l’A.F. repose sur la volonté commune de servir la Patrie. Son désintéressement est total. Il exige du dévouement et des sacrifices. Les seules ressources pécuniaires proviennent de la vente du journal, des abonnements et des dons. Presque chaque numéro publie une souscription. C’est un continuel appel à la générosité des lecteurs, qui sont ainsi également souscripteurs. Nul autre organe de presse n’a réussi à vivre et à se développer de cette manière. Même pendant l’Occupation, l’Action française repliée en zone libre, refusa les indemnités que l’Etat français versait aux journaux venus s’installer hors de la zone occupée. Seule dans la presse, l’Action française voulut payer le prix de son indépendance en n’acceptant aucune aide financière. Aucune subvention. Aucun privilège.

 

La Restauration nationale [fondée en 1955] était chargée d’assurer la vente à la criée, dans la rue, de former des militants et des conférenciers, de tenir des camps de vacances où seraient étudiées les questions politiques, économiques et sociales, l’histoire, la civilisation…

 

L’Action française aime à se définir une amitié. La confiance est exigée par la vie même du mouvement. Cela explique la singularité du conflit actuel. La Restauration nationale retourne contre l’Action française les droits que celle-ci a confiés à des… amis.

 

Car la vie en société veut que soient respectées les règles juridiques. Pour contracter des obligations, acheter, louer, ester en justice, avoir la personnalité morale il faut se conformer aux lois : rédiger des statuts, déclarer des associations, nommer des présidents ou des secrétaires… Ainsi ont été juridiquement installés les hommes qui avaient la confiance de Pierre Pujo, leur chef.

 

QUE S’EST-IL PASSE ?

 

Quelques unes des personnalités qui appartiennent au Comité directeur de l’Action française, et qui avaient été mises en place par Pierre Pujo à la Restauration nationale, firent un coup de force. Elles estimèrent que le journal était mal administré par lui. Tout en reconnaissant son honnêteté, son dévouement, l’excellence de son travail de journaliste et la haute valeur de son action politique, ils tentèrent de l’évincer. Oubliant qu’ils tenaient de Pierre Pujo l’autorité dont ils étaient investis, sous prétexte de mieux faire, ils décidèrent de se séparer de lui, en gardant pour eux-mêmes les institutions et les choses dont ils avaient reçu le dépôt.

 

Les gens qui occupaient les postes de la Restauration nationale, bien qu’ils sachent que ces postes étaient moralement soumis à Pierre Pujo, successeur de tous ceux qui ont eu la charge de diriger l’Action française, se sont déclarés les maîtres. Ils se sont servis de l’apparence juridique qui répondait aux besoins de la pratique pour s’emparer des biens à eux confiés et les détourner à leur profit personnel.

 

Nous assistons à une opération de détournement.

 

La preuve en est apportée par les écrits, les propos, les lettres, les circulaires des dirigeants de la Restauration nationale. On est étonné des déclarations d’amitié, d’affection qui émaillent cette correspondance. « J’embrasse mon rival… ». Les gens de la Restauration nationale disent, redisent, écrivent, proclament leur amitié pour Pierre Pujo. Leur seul but est de soutenir le périodique L’Action Française 2000. Ils sont unanimes à déclarer que cet organe de presse est indispensable. Ils entendent le soutenir. Aucune dissonance. Maintes fois, la Restauration nationale reconnaît en Pierre Pujo le journaliste qu’il convient d’écouter.

 

Dans le même temps, la Restauration nationale poursuit Pujo en justice. Elle lui dénie toute autorité ; elle sollicite et elle fait condamner Pierre Pujo « à cesser toute utilisation du sigle et de la dénomination sociale de l’association la Restauration nationale, centre de propagande et d’Action française ; cesser d’appeler ou de prélever toute cotisation sous le couvert de l’association la Restauration nationale, centre de propagande et d’Action française ».

 

La Restauration nationale a obtenu, en première instance, que « l’astreinte due par Pierre Pujo » soit liquidée provisoirement à 58.000 francs à titre provisionnel.

 

On croit rêver, ou plus exactement, faire un cauchemar.

 

Des hommes qui se déclarent fidèles à la lecture de L’Action Française 2000 attaquent eux-mêmes ce même bi-mensuel. Eux, qui se sont chargés de la propager et de rechercher l’argent nécessaire à son fonctionnement, le font condamner à 58.000 francs, provisionnellement et obtinenet que lui soient interdits toutes sortes de moyens d’expression : sigle, logo, titre !

 

Une opposition aussi totale et manifeste entre l’hostilité avouée et agissante de la Restauration nationale et l’objet de ses statuts, ainsi qu’avec les multiples déclarations d’amitié, étonne.

 

QUE VEUT LA RESTAURATION NATIONALE ?

 

Evincer Pierre Pujo, dont la personnalité est gênante, pour satisfaire des ambitions personnelles ou pour réaliser une opération politique ?

 

Une chose est certaine :

 

Alors que la Restauration nationale affirmait sa dissidence, l’ensemble de l’Action française, groupé autour de Pierre Pujo, lui manifestait son attachement. Les adhésions, souscriptions affluaient, donnant le plus éclatant démenti aux rebelles. Le Centenaire de 1999 a prouvé à quel point la Restauration nationale, minorité de trublions, est devenue une tromperie. Elle nuit au mouvement qu’elle prétend servir. La justice bernée par d’habiles manœuvres, défend à L’Action Française 2000 d’utiliser des moyens de propagande qui ont toujours été les siens, et que la Restauration nationale prétend légitimement posséder, alors qu’elle a abusé de la confiance de son mandant et qu’elle cherche à lui nuire.

 

Outre les propos diffamatoires, outre de nombreuses actions malveillantes, malhonnêtes ou frauduleuses, allant jusqu’au vol, la Restauration nationale se sert de son titre, elle exploite la documentation qui lui a été remise ; elle joue de l’ambiguïté de sa position pour obtenir notamment, au moyen de cotisations ou de dons (versés pour l’Action française), de l’argent qui ne lui est pas destiné.

 

De tous ces faits il résulte que :

 

L’Action française et Pierre Pujo qui en est l’âme, sont victimes d’agissements malhonnêtes ; ces agissements moralement répréhensibles ont détourné de leur destination les organismes que la Restauration nationale devait utiliser uniquement pour aider le bi-mensuel L’Action Française 2000.

 

Ces agissements sont frauduleux, parce qu’ils constituent les manœuvres délictuelles, prévues et punies par le Code pénal. Car les dirigeants de la Restauration nationale, particulièrement X…, Y…, Z… se sont servis et se servent abusivement des droits qu’ils détiennent (grâce à la confiance qu’ils inspiraient), comme de moyens destinés à leur obtenir, sous couvert de  cotisations ou de dons, des sommes d’argent qui leur sont versées en vue de soutenir L’Action Française 2000 dont la Restauration nationale s’empare à son seul profit.

 

Qu’ainsi se trouvent réunis les éléments constitutifs de délit d’escroquerie.

 

Antoine MURAT

Avocat honoraire.



[1] Soit 8.842,04 € [Note de 2009].