Le catholicisme se porte plutôt bien, merci pour lui!
Alors que les cardinaux s'assemblent à Rome pour élire le successeur de pape démissionnaire Benoît XVI, on pouvait lire un intéressant article du chroniqueur religieux du Figaro, Jean-Marie Guénois, sur l'état du catholicisme en Europe, que nous reproduisons plus bas avec nos intertitres. Contrairement aux vues alarmistes sur la prétendue "déchristianisation" du continent en général et de la France en particulier, il dresse un diagnostic raisonnablement rassurant, fondé sur des statistiques vérifiables, que partage entièrement l'Action française-Bordeaux & Basse-Guyenne! Le catholicisme a de beaux jours d'apostolat devant lui!
A.F.
"Malgré toutes les crises, le continent européen maintient un noyau de catholicisme actif et profond, plus ou moins important selon les pays, mais relativement stable.

"Le catholicisme européen, pour usé qu'il soit, connaît plutôt une stabilité dans les populations liée à son statut historique, spirituel et culturel. Mais elle est associée à une lente décroissance, dont le vieillissement du clergé est le symptôme. La crise de confiance provoquée par la révélation des scandales de prêtres pédophiles, en Irlande et en Allemagne notamment, affecte la situation mais de façon passagère, comme l'ont démontré les États-Unis, qui l'ont connu beaucoup plus tôt et qui voient aujourd'hui un retour à la normale. Ce qui indique pour l'avenir que, malgré toutes les crises, le continent européen, de très ancienne chrétienté, maintient un noyau de catholicisme actif et profond, plus ou moins important selon les pays, mais relativement stable.
"Ainsi les chiffres des baptêmes sont-ils très révélateurs. Parue cette semaine, une étude américaine de l'institut Pew Forum sur quatre pays de tradition catholique (Italie, France, Allemagne, Espagne) démontre qu'entre 1975 et 2010 il y a une stabilité des baptêmes en France et en Italie, une progression en Espagne et une légère baisse en Allemagne. Cette tendance longue démontre l'inscription du catholicisme dans une part non négligeable de la population, même si ces baptisés ne sont pas forcément pratiquants.
"Quant aux relativement bons chiffres des ordinations de prêtres européens, ils ne sont dus qu'à la Pologne. Ce bastion du catholicisme fournit en effet près d'un tiers (29 %) des ordinations de prêtres européens. De plus, l'érosion toute relative constatée depuis les années 2000 dans le pays natal de Jean-Paul II - encore 500 ordinations par an depuis dix ans tout de même, six fois plus qu'en France - ne doit pas cacher un dynamisme stupéfiant: il y a autant d'entrées, chaque année, au séminaire en Pologne (2300 environ) que dans tous les séminaires réunis des États-Unis et du Canada!
"Plus inquiétante est l'Italie. Bien après la France, qui a connu une crise des vocations dans les années 1970, et après l'Espagne, où cette décroissance frappa dans les années 1980, c'est au tour des évêques et cardinaux italiens de se faire du souci. Ils ne regardent plus avec la condescendance qui les caractérisait leurs confrères européens aux prises depuis longtemps avec ce phénomène, car ils en sont aujourd'hui les victimes. L'Église italienne reste toutefois la deuxième en Europe après la Pologne, même si elle est passée, en dix ans, d'une moyenne de 500 à 400 ordinations par an. La chute se confirme. Elle s'explique aussi par la situation démographique dramatique de ce pays, symbole par excellence du catholicisme.
"En tout état de cause, les catholiques européens ne peuvent pas se plaindre. Au Vatican, une statistique est très révélatrice. Elle mesure le «taux d'encadrement», pourrait-on dire, des fidèles catholiques. C'est ainsi qu'il y a un prêtre pour environ 7000 catholiques en Amérique du Sud, un prêtre pour 1500 catholiques en Amérique du Nord, un pour 4800 catholiques en Afrique. Et un prêtre pour 1500 catholiques en Europe.