Le "service d'investigation transversale" et les violences urbaines
"C'est lors des manifestation anti-CPE du printemps 2006 que les policiers parisiens se sont aperçus qu'au-delà des lycéens qui manifestaient, des bandes venaient pour agresser des gens, comme ce fut le cas sur l'esplanade des Invalides.
"Pour identifier ces groupes et leurs agissements, la préfecture de police a alors créé un groupe unique en France dans le traitement de ces violences : le service d'investigation transversale (SIT), dont le chef, Maurice Signolet, a exposé les résultats. Depuis, trois policiers spécialisés ont inventorié les différentes bandes ou groupes sensibles et cartographié leurs localisations où lieux de rencontre.
"A côté des bandes proprement dites, des rivalités liées à la maîtrise d'un territoire ou des trafics locaux s'expriment par des groupes issus de quartiers ou d'arrondissements parisiens contigus, voire de communes limitrophes. Ces conflits entre groupes peuvent aussi avoir des origines beaucoup plus futiles comme une humiliation ressentie par le vaincu d'une bagarre ou des histoires de filles.
"Le SIT a ainsi répertorié 52 groupes sensibles et 29 bandes violentes à Paris, dont six bandes de filles, un phénomène plus récent. Ils ont identifié leurs lieux d'affrontements comme la gare du Nord ou le Forum des Halles mais aussi des endroits de forte affluence comme les Champs-Elysées, la place Pigalle ou, au moment de la fête, la Foire du Trône.
"Si les bandes ont des effectifs très fluctuants, pouvant aller d'une quinzaine à deux à trois cents, selon un policier spécialisé, les groupes sensibles eux sont souvent constitués de 10 à 15 jeunes.
"Le concept de bande renvoie à un groupement souvent peu structuré et polymorphe dans sa conception comme dans ses agissements. La bande se distingue d'abord par la peur qu'elle exerce et l'efficacité dont elle fait preuve dans la conduite d'une action violente en réunion, même de brève durée, vis-à-vis de cibles choisies et dans un environnement donné.
"Plus ou moins attachées à un secteur géographique, les bandes sont constituées de mineurs et de jeunes adultes souvent en situation de rupture familiale, d'échec scolaire ou de chômage, habitués à commettre des actes illégaux, à consommer alcool et drogue et dont la recherche identitaire se concrétise par une culture de la rue.
"L'an dernier 83 affaires de bandes, dont 49 affrontements entre bandes rivales, ont été enregistrées à Paris. Elles ont donné lieu au placement en garde à vue de 405 personnes, dont 197 mineurs, et ont fait l'objet, selon un policier, "d'une vraie réponse pénale", avec 184 personnes présentées devant un magistrat. Au total, en 2009, plus de 2 700 personnes auraient participé à des infractions liées aux phénomènes des bandes à Paris.
"L'objectif des policiers du SIT est de mettre ces bandes hors d'état de nuire en 2010."