Maurras et la tactique royaliste
A l'orée de la rentrée politique 2012-2013, il ne semble pas inutile de rappeler aux patriotes en général et aux royalistes d'Action française en particulier la valeur respective des deux tactiques (celle de parti et celle de cause) que l'on peut adopter pour faire triompher un projet de Société, telles qu'elles étaient appréciées par Maurras au début du siècle dernier: il s'agissait alors, pour l'Action française naissante, de sortir le royalisme de l'ornière mondaine des clubs et des chapelles, pour en faire une doctrine de terrain, de plein air! Cent ans après, le même travail serait-il à recommencer? Le dilemne est pourtant clair:
- Ou vivre du berceau à la tombe comme un exilé dans propre patrie, avec la nostalgie d'un Age d'Or mythifié, comme le font certains groupuscules d'extrême-droite, bien-pensants ou conservateurs, et donc frapper de stérilité sa pensée et son action;
- Ou se confronter franchement à la réalité d'une France déracinée, mais bien vivante, attitude éminemment responsable et positive, et rayonner au-delà de nos cercles habituels.
Pour sa part, la fédération Grand Sud-Ouest de l'Action française, à l'aide de toutes les bonnes volontés, a choisi: ouverte sur les faits, elle oriente sa propagande en direction du pays réel, dans toute sa bigarrure!
« Il y a deux tactiques. La première est de s’isoler, de se retrancher, de faire un parti aussi fermé que possible : n’écrire que dans nos journaux, ne parler que dans nos comités, ne connaître que nos amis politiques. Cela passe pour honorable. Je n’ai pas encore compris ce qu’il peut y avoir d’honorable à vivre dans sa patrie comme un émigré. Cette tactique de partis qui n’a jamais porté bonheur aux royalistes, puisqu’elle ne permet de prêcher que des convertis, est d’essence républicaine. Des hommes qui veulent en finir avec le gouvernement des partis doivent s’adresser à toute la France, prolétaire ou possédante, conservatrice ou révolutionnaire. La tactique des partis ne nous convient pas. La tactique de cause, celle qui permet aux tenants d’une idée ferme, d’une doctrine invariable, d’un principe lié, organisé, vivant et conquérant d’aller et de prêcher partout, nous a constamment réussi. »
(Action Française mensuelle, 1904.)