Dernière minute: Pas de profanation du monument aux Morts à Rouen
La disparition inopinée de la tête de l'un des deux poilus du monument à la Victoire de la ville
de Rouen, signalée lundi par une dépêche de l'A.F.-P., a suscité de nombreux commentaires désordonnés et futiles, de la part de vrais-faux "maurrassiens". L'Action française-Grand Sud-Ouest,
elle, loin de crier au loup, a attendu des informations fiables avant de relater l'évènement. C'est ce que l'on appelle l'empirisme organisateur.
Le monument à la Victoire de Rouen, oeuvre de Maxime Réal del Sarte (Photo D.R.)
Le facteur du monument, érigé en 1926 à la gloire des morts à la Grande Guerre de Rouen, étant le sculpteur Maxime Réal del Sarte, fondateur des camelots du Roi, mais aussi ancien
combattant ayant perdu un bras à la guerre, toutes les suppositions étaient possibles.
Bien entendu, à l'extrême-droite et chez les royalistes de salon, la piste "politique" était privilégiée. Des agités du bocal en étaient déjà à imaginer comment les choses s'étaient passées! Vain
délire de la persécution!
On racontait également que l'un des deux poilus qui montent la garde auprès de la colonne représentait les traits de Charles Maurras. Il n'en est rien en réalité. Comme l'a démontré la
communication sur Maxime Réal del Sarte au récent colloque sur Maurras et la culture, qui s'est tenu en 2009 à Paris, l'inspiration de Réal del Sarte dans ses compositions monumentales
était résolument non-partisane.
Un amoureux du vieux Rouen, Philippe Aunay, a justement donné le point de vue des habitants: "Pour moi, (...) peu importe que ce poilu ait le visage de Charles Maurras, il
représentait les soldats morts pour la France". C'est le bon sens même!
Aux dernières nouvelles, il ne s'agit nullement d'un acte de malveillance. Les conditions atmosphériques (gel
persistant) ayant endommagé la statue, les services techniques de la ville de Rouen ont, à titre de précaution, déposé la partie endommagée, en vue d'une restauration ultérieure. La mairie a
officiellement confirmé aujourd'hui cette version.
L'émotion autour de cet évènement montre l'attachement des Rouennais à leur patrimoine historique, architectural et culturel. Il pose surtout le problème du recensement et du
classement par les pouvoirs publics des oeuvres d'art du sculpteur Maxime Réal del Sarte, toujours inachevés à l'heure où nous écrivons...
Espérons que cet incident incitera le ministère de la culture à se préoccuper de cette oeuvre qui fait partie, dans un grand nombre de villes et de villages de France, de nos lieux de
mémoire.