Deux journées d'Action française en Aquitaine
En dépit des conditions climatiques défavorables et de l’absence de publicité qui semblaient s’être conjurées contre elle, la fédération Aquitaine de l’Action française a organisé avec plein succès, les 26 et 27 janvier derniers, l’édition 2007 de sa traditionnelle Fête des Rois. Auparavant, une délégation, comprenant M. Gaillère, responsable régional du Mouvement, l’orateur invité et Mlle Lainé, représentant le Journal, avait rendu visite à Maître Antoine Murat, doyen des membres du Comité directeur, qui honore la fédération de son amitié, de sa confiance et de ses conseils.
A Bordeaux, le thème retenu pour la soirée, organisée en mémoire d'un ami récemment décédé, était « 1940, l’année terrible ; 2007, l’année décisive ». L’hôte du banquet fédéral, Philippe Prévost, docteur ès lettres et l’un des plus sûrs rédacteurs de L’Action Française 2000, retraça avec sa précision et son brio habituels ce qu’avait été cette année qui vit à la fois, pour notre Pays, un tournant de la guerre et surgir des promesses de Revanche.
Ce n’est en effet qu’à la lumière du grand jeu des négociations secrètes anglo-allemandes, seulement interrompues de mai 1940 à mai 1941 par les dissensions internes entre partisans d’une politique d’apaisement et bellicistes, que l’on peut comprendre les principaux griefs faits de façon intéressée et rétrospective au Maréchal Pétain : l’armistice, Montoire et les accords Darlan-Warlimont touchant aux facilités accordées en Tunisie, en Syrie et à Dakar. Par l’armistice, inévitable sur le plan militaire, Pétain imite les pacifistes britanniques et Hitler octroie à la France des conditions avantageuses, dues tant à sa volonté de ne pas s’aliéner Albion qu’au fait que, dans son infortune, notre Pays avait conservé deux atouts de choix, sa flotte et ses colonies. Quant à Montoire, c’est en réalité un piège tendu par le Maréchal à Hitler, qui, parallèlement à la résistance à l’agression contre Dakar, confirme l’existence de pourparlers suivis entre Berlin et Londres (le message du 30 octobre est destiné aux Anglais plus qu’aux Français) : un véritable Verdun diplomatique !
L’intérêt soutenu d’un auditoire composé de royalistes d’A.F. aussi notables que M. le Professeur Georges Ferrière, ainsi que de nationalistes des deux rives, tels que M. François-Régis Taveau, ancien conseiller régional et président du Mouvement pour la France, ou Christophe Bugeau, candidat du Rassemblement pour l’indépendance de la France (R.I.F.) contre Juppé pour la députation de Bordeaux-Centre, – les questions qui fusèrent montrent, comme le disait Fustel, que c’est de notre passé mieux connu que naîtra la réconciliation des esprits. Il incombait ensuite à Vincent Gaillère, délégué de l’Action française en Aquitaine, de prononcer, en l’absence de Pierre Pujo, président du Comité directeur, un substantiel discours politique vivement applaudi qui, après avoir rappelé l’actualité des fondements de notre nationalisme, en proposa quelques applications concrètes à la conduite à tenir dans cette année électorale.
Le lendemain à Biarritz, le déjeuner dans le salon privé d’un agréable restaurant devait fournir à Ph. Prévost l’occasion de renouveler sa démonstration irréfutable devant Maître Philippe Fortabat-Labatut, délégué de l’Action française dans les Pyrénées-Atlantiques et les Landes, et son exemplaire section « Béarn-Bigorre-pays basque-Landes ». On remarquait notamment, dans l’assistance passionnée, la présence du correspondant en Serbie du Journal, ainsi que celle de jeunes contre-révolutionnaires habitués des permanences mensuelles de la section. La présence, côte à côte, de deux des trois délégués de la région matérialisait l’indéfectible union des nationalistes d’A.F. dans le service de la Cause de Dieu, de la France et du Roi.
Il ressort de ces deux journées que la priorité à moyen terme de la fédération Aquitaine, compte tenu de la dépolitisation déplorable mais profonde, hors période électorale, du public catholique et national, doit être le travail sérieux de formation à la méthode de l’empirisme organisateur, l’implantation, l’organisation et l’enracinement durables de sections vivantes et unies (c’est-à-dire englobant retraités, actifs et étudiants) dans tout le Grand Sud-Ouest. Ou l’Action française, à Paris comme en province, ne parlera que d’une seule voix, celle du Mouvement, – ou elle se condamnera à l’impuissance. Une suite incohérente d’actions sans lendemain, conçues dans la fièvre et exécutées sans discipline, ne saurait naturellement tenir lieu de politique pour un Mouvement professant une doctrine de salut public.