Allocution prononcée le 20 octobre 2007 à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var) par V. Gaillère, délégué régional de l'A.F. dans le Grand Sud-Ouest
Mes Chers Amis !
Votre présence à l’édition 2007 de la journée d’amitié & d’Action française est un signe qui ne trompe pas : grâce à l’intelligence, à la piété filiale et au dévouement à la Cause nationale et royale de nos amis Danielle Wilkin et de son mari, le nationalisme intégral revit dans son berceau de Provence ! Il était donc tout naturel que les royalistes du Grand Sud-Ouest aquitain apportassent à cette manifestation désormais traditionnelle des Blancs du Midi un salut fraternel et le témoignage de leur profonde union de pensée et d’action.
Car l’A.F. véritable, que certains d’entre vous découvrent ou redécouvrent ici dans son « canal historique », aime à se définir avant tout UNE AMITIE AU SERVICE DU VRAI. Où, mieux qu’en province, au cœur du pays réel, pouvait-on éprouver comme à Saint-Maximin, cité comblée de bienfaits par les quarante Rois qui ont fait la France, ce sentiment réconfortant d’unité mentale ?
Vous comprenez bien qu’une définition aussi élevée exige de ceux qui la formulent un comportement exemplaire et d’abord une méthode rigoureuse, que nous appelons après Maurras : l’EMPIRISME ORGANISATEUR, c’est-à-dire l’intelligence, nourrie des précédents historiques, contrôlant l’observation, dépourvue de préjugés de parti ou de caste, des faits politiques et sociaux, – le tout en prenant pour règle immuable l’intérêt de la Communauté à laquelle, pour le meilleur et pour le pire, nous appartenons. C’est dire s’il serait lâche et vain pour nous de nous dissocier artificiellement de nos compatriotes, sous le prétexte qu’ils ne partagent pas en tout notre idéal de citoyens ; nous sommes solidaires de leur sort, cette réalité commande tout. Servir son Pays est une tâche bien souvent ingrate, mais qui ne souffre aucune espèce de désertion. Aussi les hommes d’Action française continueront de maintenir intacte leur doctrine de salut public. C’est le sens de cette manifestation : « Pour la France, envers et contre tout, le combat continue ! »
Peut-être, Mes Chers Amis, vous sentez-vous parfois las de remonter, tel Sisyphe, le rocher de la France éternelle sur la pente de nos abandons toujours renouvelés ? de combattre les effets néfastes de l’action des forces occultes qui gouvernent le monde ? Peut-être en avez-vous assez des calculs puérils de stratèges en chambre, de Machiavel au petit pied, des compromissions de faux amis avec l’adversaire et des mondanités improductives de romantiques adorateurs d’hommes forts, quels qu’ils soient ?
Je sais tout cela et partage votre dégoût, mais je veux vous dire que notre décadence n’est pas inéluctable ! La France de 2007, – même abaissée dans son prestige intellectuel, militaire et diplomatique, même humiliée par l’étranger d’outre-Atlantique ou d’outre-Méditerranée, même trahie par ses politiciens pourris, – demeure tout de même la France ! Nous, ses fils, n’avons pas le droit de médire d’elle, de la dire finie, de déposer, comme si nous étions les derniers Français, le fardeau de l’héritage national ! Elle contient des ressources matérielles et morales immenses, que nous n’avons que trop l’habitude de minorer, parce qu’au fond, notre foi en notre patrie s’amoindrit en s’aigrissant de nos défaites !
Salazar disait à Braga au 28-Mai 1936 : « Nous ne discutons pas la patrie et son histoire ! » Faisons donc pareil ! Retrouvons, avec la confiance en sa destinée « naturellement et historiquement privilégiée », les raisons qui ont empêché nos pères de jamais désespérer de la France qui, aujourd’hui comme aux siècles de Charles VII, de Henri IV, de Louis XVIII ou du maréchal Pétain, reste capable, par le sérieux du patriotisme et du travail, et par l’ordre, fruit de la justice due à tous, de remonter du fond de l’abîme !
Thierry-Maulnier, qui fut un prolongateur très sûr de la pensée de Maurras, remarquait justement, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, que, si la France est un Etat, organisme politique, elle est aussi une civilisation, composé subtil de mœurs, de traditions et d’habitudes de pensée, dont le trait principal est la conciliation des contraires dans une synthèse plus haute. Pertinente pour toute les époques, sa remarque montre à quoi doivent tendre nos efforts : la prise du Pouvoir est essentielle et prioritaire pour que triomphent nos idées, mais elle ne saurait tenir lieu de la réforme intellectuelle, spirituelle, sociale et économique qui conditionne le renouveau durable de notre Nation.
Ce doit être notre objectif ultime, qui ne saurait se limiter à une simple substitution de régime, à mettre un roi constitutionnel à la place d’un président omnipotent, en laissant la réalité de l’influence à la bourgeoisie mondialiste qui rêve d’unification européenne et d’alignement transatlantique ! Pour sauver nos libertés et rendre à notre Pays sa grandeur, nous voulons un Roi à la française, qui règne et qui gouverne, par lui-même ou par l’intermédiaire d’un ministre.
Mais, pour vaincre, encore faut-il rester soi-même, différencié de l’Anti-France ennemie. Pour cela, il nous faut tous combattre absolument l’édulcoration de notre message politique. Il ne faudrait pas confondre ceux à qui nous nous adressons : nos concitoyens, qu’il faudra bien rallier aux solutions de renouveau, et le désir inconsidéré de plaire au tout-venant, au risque de perdre sur un coup de dés électoral ou médiatique les chances de la Nation. N’en déplaise aux arrivistes qui traversent à grandes enjambées notre vaste camp, nationalistes nous sommes, nationalistes nous demeurerons, car nous voulons que nos petits-neveux restent Français.
Mes Chers Amis,
Pour que vive la France, à bas la République et vienne le Roi !